Une BD pour prôner la résilience et les bienfaits des élans collectifs
Une feuille, bien seule, emportée par une bourrasque, qui tombe dans une rue déserte... Ainsi s'ouvre la BD avec comme texte « La crise du Covid-19 nous a rappelé, de façon tragique, que l'être humain n'est pas invincible » : première vérité qui conduira à la nécessité et désirabilité de la résilience alimentaire, le tout dans une atmosphère poétique accueillante, et avec concision, clarté et humour. Très vite, la vocation pédagogique en devient évidente.
Issue d'une collaboration de As Bean et Refresh pour le Contrat de Quartier Durable Athénée, et réalisée par Romane Thieffry, cette BD en ligne explique avec des textes simples et des dessins minimalistes que la fragilité actuelle de nos sociétés provient de notre négligence de la résilience, conséquence de la mondialisation.
La simplicité apparente de cette œuvre cache, en fait, des ressources et références variées pour asseoir un propos construit, en passant par une fable de La Fontaine ou encore la hiérarchie pyramidale des besoins de Maslow. Les structures économiques et alimentaires de nos sociétés sont questionnées à l'aune de nos besoins vitaux, si elles permettent de les garantir. Pas vraiment, comme l'a montré la crise sanitaire. S'ensuit alors la première recommandation sociétale du livre : les secteurs indispensables à la survie doivent être résilients.
La résilience, comme capacité à résister et à se rétablir après un choc, est rattachée à quatre grands axes : l'échelle locale, la diversification des cultures, la transparence et l'aspect cyclique des déchet-ressources. Elle ne consiste pas en l'application de dogmes mais en ces quatre orientations générales, associées à une attention soutenue et continue pour chaque situation particulière, avec ses conditions et besoins propres.
La résilience est indispensable compte tenu des nombreux chocs prédits pour les décennies à venir : canicules, instabilité des précipitations et autres conséquences du changement climatique. Et pour que des systèmes (marchés, organisations, services, etc.) soient résilients, il faut une réaction collective de la part des membres, autrement les plus vulnérables de nos sociétés subiront plus qu'ils ne bénéficieront. Un système à deux vitesses ne peut être résilient. C'est la deuxième recommandation sociétale de la BD : la mobilisation sera à la fois individuelle et collective, avec une attention pour les plus fragiles.
La dimension pédagogique et éducative de cette BD, accessible à tous, tient aussi à une subtile oscillation entre deux vérités. L'une est illustrée par la feuille, seule et emportée contre sa volonté, qui apparaît à plusieurs reprises dans le récit pour nous rappeler notre fragilité et notre solitude moderne. L'autre est une vérité trop commune, quoique oubliée, qui nous concerne comme groupe en temps de crise : ensemble nous sommes capables de trouver des solutions, avec créativité et flexibilité. L'établissement flagrant de circuits courts durant le confinement met justement en valeur ce dont les élans collectifs sont capables.