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La transition en question sur le territoire des Jeux Olympiques de 2024

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Le 20 mai, Circularoom, collectif d'accompagnement "vers une société durable, solidaire et circulaire", organisait un premier voyage apprenant sur les terres des Jeux Olympiques 2024. Structures locales, associations, entreprises : comment voient-ils le mot "transition" à l'approche des JO ?

Alors que les Jeux Olympiques approchent, la Seine Saint-Denis vit de grandes transformations durables qui influencent d'ores et déjà la vie du territoire. Village olympique, infrastructures sportives, réhabilitation de locaux, les chantiers bouleversent les paysages vers une minéralisation importante. Malgré tout, les infrastructures devront être utilisables pour l'après-JO : plus questions ici de constructions éphémères, mais de constitution d'une dynamique qui profitera par la suite au territoire. Cependant, alors que des structures implantées depuis plusieurs années font vivre les questions de transition auprès des séquano-dionisiens, quel est leurs regard sur les mutations en cours ?

L'Atelier Solidaire de Saint-Ouen : l'autonomie comme moteur

Notre déambulation commence à Saint-Ouen, à quelques encablures du futur village olympique. Dans une petite maison au fond d'un terrain bitumé, les bénévoles sont affairés à ranger, réparer des objets et des vélos. Margaux, en service civique sur le site, nous fait découvrir l'association créée en 2013 dans un objectif premier de réparation de vélos. À cette première activité s'ajoute un atelier bricolage, un fablab, des ateliers de couture et de réparation d'électroménager. Toutes ces activités sont liées à un but d'autonomie : mettre à disposition matériel et connaissances pour permettre à des populations aux revenus parfois modestes de gagner en autonomie en faisant valoir leurs compétences.
Si cela vaut pour l'atelier de réparation et le fablab, il en va de même pour le jardin éco-poétique créé devant la bâtisse de l'atelier, et animé depuis 2018 par Via Paysage, qui y propose des ateliers, de l'aménagement à la plantation.
Alors que l'association bénéficiait jusque-là gracieusement du lieu apartenant à la mairie, elle est consciente que l'attractivité du terrain, à 500 mètres du village olympique, pourraît mettre en péril l'installation. "Le tout est de faire comprendre aux élus l'intérêt d'un tel lieu pour les habitants" nous confie une bénévole.

La Serre Wangari : de la culture à l'agriculture


Ouverte en 2011 sur le lieu du parc des docks de Saint-Ouen-sur-Seine, la serre Wangari fut d'abord un lieu dédié à la culture. En 2020, à l'arrivée de la nouvelle municipalité, elle se tourne vers les jardins partagés de Saint-Ouen pour devenir un lieu d'agriculture urbaine et de sensibilisation à la transition écologique. En son sein, l'équipe de la ville a mis en place plusieurs modèles de culture à visée pédagogique, comme des modèles réduits en aquaponie et hydroponie. Elle retrouve aussi une fonction de serre avec l'installation de supports pour le forçage des semis, à destination des jardins partagés, d'écoles et d'associations.

"J'aimerais que l'on puisse développer des essais de différents modèles agricoles sur des planches de culture, dont le bio-intensif, pour penser plus à une agriculture nourricière."
Antoine Romana, directeur de la serre

La serre comporte, sur ses espaces extérieurs, plusieurs parcelles pédagogiques dédiées à des expérimentations sur différents modes de culture. Il faut dire que le lieu s'y prête : implanté sur les terres des anciens jardins ouvriers de l'entreprise Alsthom, elle se trouve aujourd'hui au coeur des nouveaux jardins familiaux.  Pourtant, avant de retrouver cette fonction nourricière, cette partie du parc a dû subir d'importants travaux de dépollution, triste héritage des usines de métallurgie.

"On est dans un bac à fleurs ici, pas dans une terre naturelle, même si nous sommes sur un lieu historique des jardins ouvriers"

Au-delà de l'activité de culture, le site se veut comme un support pour la protection de la biodiversité et de l'environnement. Interdiction des produits phytosanitaires, espaces sauvages, énergies alternatives, les services de la ville souhaitent rester cohérents avec le message délivré par la serre Wangari. Au milieu d'espaces très urbanisés et minéralisés, les collectivités abordent donc la transition par la protection d'espaces verts emblématiques. Ces lieux se trouvent être des supports pour la sensibilisation des populations aux questions environnementales et d'alimentation. Un travail à poursuivre, alors que les Jeux Olympiques tendent à multiplier les surfaces bâties.

Lil'Ô : entre formation, production, expérimentation et lieu de vie 

Pour clore la visite, nous arrivons sur le site de Lil'Ô, une terre de projets autour de la transition et de la résilience. Installée sur des terres polluées, l'association Halage y fait fleurir des activités basées sur l'économie circulaire. Au-delà des activités de production et d'expérimentation, le site se veut comme un lieu de vie à destination des habitants de l'Île-Saint-Denis et des alentours : des cultures en bacs, une aire de jeux en matériaux recyclés et une scène y ont fait leur apparition.
Revalorisation des déchets, culture horticole, lien avec les habitants, faiseurs de terre... Autour de ces activités, Halage souhaite mettre en avant des volets d'expérimentation et d'insersion professionnelle.
Alors que l'association Halage lançait "Faiseurs de terre" en 2020 pour transformer les terres de remblais en technosols fertiles, elle compte aujourd'hui profiter des Jeux Olympiques et des nombreux chantiers attenants pour intensifier son activité. À travers ces initiatives, c'est en ambassadrice de la transition dans au coeur des Jeux que l'organisme souhaite s'imposer, un véritable défi alors que deux ans nous séparent du coup d'envoi.

Ainsi, si chaque structure appréhende la transition à sa mesure, à la vue des Jeux Olympiques Paris 2024, chacune doit faire face à de nombreuses questions pouvant impacter leurs activités. Faire perdurer l'action, développer un processus de transition, s'intégrer dans la dynamique des jeux représentent des tâches de taille pour ces acteurs, pour faire reconnaître l'intérêt des enjeux de transition sur ce grand événement sportif.

 

Nicolas Ginestière

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