Véronique Saint-Gès sur le plateau du Village Semences
Véronique Saint-Gès était présente le 11 mars dernier sur le plateau du Village Semences, pour son édition 2021 qui s'est tenue en 100% digitale et hors les murs, pour parler d'agriculture urbaine. Nous l'avons écoutée pour vous et vous partageons ses propos.
Véronique Saint-Gès, chercheuse à l'INRAE fait partie d'une équipe fondée il y a quelques années par Christine Aubry "Agricultures Urbaines", avec des "s" pour montrer la multiplicité des formes d'agricuture urbaine. L'équipe pluridisciplinaire travaille sur toutes les formes d'agriculture urbaine mais aussi péri-urbaine et s'intéresse à toutes leurs fonctions. Véronique Saint-Gès étant économiste, elle travaille plus particulièrement sur les modèles économiques des formes d'agriculture urbaine.
Quelle est la réalité de l'agriculture urbaine aujourd'hui ?
L'agriculture urbaine existe bel et bien et on observe un réel développement des projets. On doit d'ailleurs la dissocier en deux parties : l'agriculture urbaine professionnelle où l'on a des structures de formes coopérative, société anonyme, qui font du business, du chiffre d'affaires à travers la production alimentaire et d'un autre côté, l'agriculture urbaine que l'on qualifie de non marchande et représentée par les jardins partagés et les jardins ouvriers.
Ce que l'on observe aujourd'hui, c'est ce que l'on a vu depuis le début du 19ème siècle, à savoir qu'à chaque crise sanitaire, économique, environnementale, on voit apparaitre un engouement pour l'agriculture urbaine et un développement de formes d'agriculture sur de petites parcelles dans les villes. Aujourd'hui l'agriculture urbaine professionnelle s'est beaucoup développée sous l'impulsion d'entrepreneurs mais aussi grâce à l'accompagnement d'élus locaux. L'opération la plus symbolique et représentative est celle des Parisculteurs menée par la mairie de Paris qui a proposé une quarantaine de sites par an depuis 4 ans pour implanter de l'agriculture urbaine.
En terme d'agriculture professionnelle on compte 150 entreprises qui font du chiffre d'affaires. Est-ce qu'elles vont vivre pendant 10, 15, 20 ans, on ne peut pas le dire aujourd'hui mais il y en a certaines qui existent depuis 10 ans et qui sont toujours là. Face aux crises sanitaires, économiques, environnementales, les municipalités se sont aperçues que leur territoire n'étaient plus résilient en terme d'alimentation. Le gouvernement a donc mis en place les plans alimentaires territoriaux (PAT) qui ont été dupliqués dans les régions. C'est à l'occasion de ces PAT qui sont là pour remettre de la production alimentaire locale avec de nombreux bénéfices, notamment pour l'environnement, que l'implantation de formes d'agriculture urbaine a été favorisée, avec l'appui des municipalités. Dans la mesure où les villes n'avaient pas dans leurs législation et réglementation l'agriculture comme activité, les municipalités et les collectivités territoriales sont parties prenantes de ces formes d'agriculture.
L'agriculture urbaine est-elle rentable ?
Certains gagnent de l'argent, alors que d'autres sont encore trop récents dans leur activité. L'équipe de l'INRAE dispose d'assez peu de chiffres sur les indices de rentabilité de ces fermes. Les agriculteurs urbains, notamment ceux qui sont en intra-urbains produisent dans des conditions contraintes, sur de petites parcelles et ne font pas que de la production alimentaire. Ils vendent aussi des services, des ateliers pour apprendre à cultiver aux citadins, ou encore des services de maintenance de potagers.... Donc aujourd'hui, on ne peut pas donner de chiffres, mais beaucoup d'agriculteurs urbains vivent de leur activité.
à celle de la vente d'une production alimentaire
L'agriculture urbaine est une mode qui s'inscrit dans la durée et répond à de nombreux besoins. C'est un facteur de résilience des villes.