Agrinove s’intéresse (aussi) à l’agriculture urbaine !
La Technopole Agrinove a organisé son forum annuel Agrinovembre* sur la thématique de l'agriculture urbaine. Un choix assez naturel puisque chaque année 2 à 3 projets en lien avec ce sujet sont présentés au concours national de l’innovation qu'elle organise.
En introduction de l’après-midi, Isabelle Duvernoy, chargée de recherche INRAE en géographie (UMR AGIR Toulouse) avait la lourde tâche de répondre à la question « qu’est-ce que l’agriculture urbaine et pourquoi s’y intéresser ? ». Cette notion est apparue dans les années 1960, avec notamment un questionnement sur l’agrandissement des villes qui empiètent sur les terres agricoles. Depuis, l’approche scientifique n’a cessé d’évoluer rendant difficile une définition* simple de l’agriculture urbaine car celle-ci est multiforme.
Les enjeux politiques et sociétaux de l’agriculture urbaine
Pour l’Afaup**, représentée par son président Pierre Aubignac, l’agriculture urbaine n’a pas vocation à nourrir à elle seule les villes françaises. Au-delà de son aspect nourricier, son intérêt est surtout environnemental, notamment dans la perspective d’un réchauffement climatique, et également social.
Les collectivités territoriales peuvent être à l’origine de projets d’agriculture urbaine. Nadège Vanderbecken, chef de projet pour un regroupement de communes proches de Bordeaux, présente différentes actions : accompagnement de potagers collectifs, installation de maraichers sur du foncier mis à disposition ou encore pâturage de brebis sur un parc. Ces différentes actions se font dans le cadre d’un Projet Alimentaire Territorial (PAT), dont l’objectif est de relocaliser l'agriculture et l'alimentation dans les territoires.
Marie-France Salles, vice-présidente de l’Agglomération d'Agen, témoigne de la volonté de son agglomération de développer son propre PAT. Cette démarche offre de nombreux intérêts : renforcer l’approvisionnement local, rapprocher les agriculteurs des consommateurs, travailler sur la qualité des produits, approvisionner la cuisine centrale… L’autre aspect est environnemental, avec une réflexion sur le fléchage des terres inondables, non constructibles, en terres agricoles. M. Bordelais, de la Safer précise que dans l’espace urbain, sa structure ne peut pas jouer autant son rôle de régulateur foncier qu'en zone rurale. Pour lui, l’installation et le maintien d’agriculteurs dans les zones urbaines dépendent surtout de la volonté politique.
Différents projets concrets d’agriculture urbaine
Aquacosy, située sur l’agglomération de Montauban, est une ferme hydroponique, dont la clientèle est locale, notamment via la restauration montalbanaise. Pierre Aubignac, co-fondateur, précise que pour permettre la viabilité économique du projet, une activité de bureau d’étude a été dévloppée sur les thématiques de l’hydroponie, l’aquaponie, la bioponie et l’aéroponie. Il insiste sur le soutien de la ville de Montauban (financement) au début du projet.
Julie Mennesson, cultive elle des champignons (pleurotes et shiitakés) au sein de l’agglomération de Bordeaux, dans un ancien blockhaus de la seconde guerre mondiale. Au-delà d’une production locale, le projet s’inscrit également dans la réhabilitation de bâtis qui font maintenant partie du patrimoine historique de la ville. Après deux années d’exploitation, le développement de sa clientèle, l’élargissement de sa production et le développement d’activités complémentaires (visite, formation…) lui permettent d’être optimiste. Les deux porteurs de projets soulignent la difficulté de trouver des financements auprès des organismes bancaires qui n’ont aucune référence économique pour ce type d’activité.
Brice Marlet, responsable de production, présente les activités de Cueillette Urbaine, société basée à Paris depuis 2016 et comptant 8 salariés. L'entreprise propose trois offres qui ont pour cible les entreprises : fermes urbaines productives (conception, réalisation, éventuellement exploitation), aménagement de potagers partagés en entreprise et organisation d’ateliers autour de l’agriculture (création de lien social).
Un bail rural, quasi impossible en ville
Pour conclure, Victoria Timmerman, juriste chez Gaec & Sociétés, insiste sur la difficulté, en ville, de mettre en place des baux ruraux, dont les loyers sont encadrés. Même si légalement rien ne l’interdit, ce type de baux est quasi impossible en ville, ce qui peut rendre précaire une activité agricole. Pour soutenir et pérenniser l’agriculture urbaine, il faudrait légiférer pour apporter des garanties aux porteurs de projet.
La conclusion générale est revenue revient à Christophe Capy (CTBE 47), lauréat de la dernière édition du concours Agrinove pour son projet de recyclage des sacs de substrat utilisés en production hors-sol. Pour Monsieur Capy, toutes les formes d’agricultures sont complémentaires et une meilleure communication entre elles serait bénéfique à tous.
D’autre part, Il pense que l'agriculture urbaine peut être un levier de communication auprès des citadins sur l'agriculture en général. L’après-midi s’est terminée par le lancement du concours Innovations pour l'Agriculture 2023-2024 (voir encadré).
Le concours “Innovations pour l’Agriculture”
Organisé par Agrinove chaque année de novembre à mars, le concours doté de 60 000 €, est un rendez-vous incontournable pour les entrepreneurs de l’amont agricole.
L'inscription est gratuite. Pour obtenir le dossier de candidature, Il suffit de remplir un formulaire sur le site d’Agrinove. Le dossier de candidature est à rendre complété avant le 31 mars 2024.
Renseignements - tél. : 0553977153 et Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
***Association Française d'Agriculture Urbaine Professionnelle