Expérience du jardin de rue par une Lyonnaise
Témoignage de Caroline Ducrot, qui a expérimenté.le plan Renaturons Lyon 2024. Comptant sur la participation citoyenne pour aider à végétaliser les rues et les espaces publics de la métropole, une campagne d’appel à projets a été lancée.
"C’est à ce moment que ma participation à une micro-implantation florale (MIF) consistant en une fosse de plantation, a pris tout son sens. Mon quartier du 1er arrondissement était déjà bien arboré, avec la joie d’entendre le champ des oiseaux, tôt le matin. Cependant, ce projet a ajouté une dimension supplémentaire, nous laissant profiter d’un havre de nature juste sous nos fenêtres. Jardinières de plantes aromatiques (verveine, menthe, mélisse, persil…), de petits fruits et de légumes (fraises, tomates cerise, fenouil), mais aussi plantes et fleurs d’ornement au sol sont venus embellir le bitume du pied de l’immeuble.
En tant qu’ingénieure-paysagiste, cette spécialiste de l’aménagement des espaces a élaboré le projet et a obtenu l’approbation des services de la ville. Par la suite, le collectif de résidents a pris part à sa mise en œuvre. Des ateliers ont permis la réalisation des bordures au sol et des bacs-jardinières pour les comestibles, à partir de palettes recyclées.
La municipalité a percé le bitume, fourni de la terre végétale et distribué gracieusement les premiers plants. Une cagnotte solidaire a été mise en place pour couvrir les frais de finition, notamment le paillage, les étiquettes d’identification des végétaux, le tuyau d’arrosage.
Ainsi, le jardin de rue devient une expérience humaine, un endroit pour échanger et partager des idées de manière informelle . Créer du lien entre les habitants du même quartier, entre les voisins du même palier. Sur ce trottoir, toutes les générations se croisent. Les discussions sur le jardinage, sur le temps qu’il fait, sur tout autre sujet, émergent spontanément.
Les apéros s’improvisent à l’ombre de cet îlot de respiration. On retrouve un peu l’esprit de village. De manière indirecte, on se sensibilise à des sujets plus importants, tels que le réchauffement climatique et l'érosion de la biodiversité. Lorsque les premiers pollinisateurs et lombrics apparaissent dans ce carré de terre, c’est déjà une victoire. En plus du bien-être que procure le retour des mains dans la terre. Finalement, tous ensemble, nous contribuons à améliorer notre cadre de vie, notre quotidien.
Alors quand les végétaux débordent, de part et d’autre de ces jardins, faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ?
La colonisation de cette flore spontanée le long des murs et sur les trottoirs semble discutable. À première vue, l’envahissement du territoire urbain, déjà au combien limité, fragiliserait les aménagements publics et changerait les usages de la rue. Seulement, cette nouvelle nature plus champêtre, plus authentique paraît être une vraie bouffée d’oxygène pour les citadins… Qu’adviendra t-il de cette pratique du "laisser pousser" dans l’entretien des espaces verts urbains, alors que le vivant tend à être de plus en plus maîtrisé ?"