L'agriculture sur petites surfaces comme réponse aux enjeux d'alimentation de la ville

Les études menées par Christian Carnavalet révèlent qu’une unité et demie de travail humain sur 1 000 m2 permet un chiffre d’affaires de 20 000 € à 50 000 €

Dans son ouvrage Le Maraîchage sur petite surface, la French Method, Christian Carnavalet compare les modèles traditionnels de micro-fermage aux pratiques de certains pionniers contemporains, et démontre que ces derniers obtiennent de meilleurs rendements. Une formation se tient bientôt sur le sujet, en Ile de France, avec Vergers Urbains.

Les études menées par l’auteur révèlent qu’une unité et demie de travail humain sur 1 000 m² permet un chiffre d’affaires de 20 000 € à 50 000 €, c’est-à-dire autant qu’un maraîcher mécanisé sur 1 ha, mais avec un investissement 50 fois moindre. Pour déployer ce modèle, il faut affiner la viabilité des exploitations sur 1 000 m², ouvrir des lieux d’accompagnement pour jardiniers-maraîchers, et encourager l’association en coopérative. Les principaux freins sont d’une part le manque de formations susceptibles de transmettre ces techniques, et d’autre part, les a priori contre les petites surfaces.

Nourrir la ville

Autrefois, la majeure partie des ressources alimentaires des villes provenaient des territoires alentours. Le bassin parisien, par sa fertilité, assurait une grande partie de l’approvisionnement de la capitale et exportait ses surplus vers d’autres métropoles. Avec 1800 hectares, 16 % de la surface de Paris étaient occupés par les maraîchers en 1830. En 1960, plus de 20 000 ha de la région francilienne étaient dédiés à la culture de légumes. Cependant, les villes se sont transformées et ont évolué, en parallèle des espaces nourriciers voisins.

L'héritage

Oignon jaune d’Aubervilliers, asperge d’Argenteuil, épinard monstrueux de Viroflay, oseille de Belleville, cerise de Montmorency, fraise de Bièvres, champignons de Paris … Toutes ces variétés ont été développées au fil des siècles sur le terroir parisien. Ce perfectionnement technique a été stimulé par l’exode rural et l’immigration aux 18^e et 19^e siècles qui a permis le brassage des pratiques entre des personnes d’origines différentes n’étant pas toujours issues du monde agricole. Les jardins royaux et le potager du roi ont également participé à la recherche et au développement. Jean-Baptiste La Quintinie par exemple, a mis au point des innovations qui furent reprises par les jardiniers-maraîchers de la capitale. Cependant, la densité du marché parisien a généré une spécialisation de l’activité agricole régionale dans le maraîchage et favorisé le développement de techniques intensives (machines, engrais). C’est aujourd’hui l’agriculture urbaine qui permet de retrouver ce brassage d’expériences et cette économie de l’alimentation de la ville par la ville.