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"L’hortithérapie peut trouver sa place comme pratique complémentaire de la médecine"

1728053770142 Jean-Théodore Bieri dispose d’une accréditation d’hortithérapeute délivrée par une institution allemande

Jean-Théodore Bieri, agronome et hortithérapeute en Suisse romande est venu assister aux rencontres de la Fédération française jardins nature et santé (FFJNS) qui se sont tenues les 3 et 4 octobre à Lyon- Bron, à l’Hôpital Mère-Enfant. Il nous livre son regard sur cette rencontre et nous parle de sa propre expérience, pourquoi il a choisi cette voie et nous donne sa vision sur l'évolution de l'activité. 

 Jean-Théodore, comment êtes-vous passé d'observateur à acteur de l'hortithérapie? 

J'ai une formation d'agronome et je m’intéresse depuis de nombreuses années aux jardins thérapeutiques, plutôt à titre personnel. Lorsque plusieurs témoignages me sont parvenus sur les difficultés, en Suisse romande, à trouver des personnes formées et à développer des activités thérapeutiques autour du jardin dans des institutions de soins, j’ai eu envie de passer du statut de spectateur à celui d’acteur. Après diverses formations dans le soin et dans le jardinage thérapeutique, j’ai créé une structure indépendante* et dispose d’une accréditation d’hortithérapeute délivrée par une institution allemande (Internationale Gesellschaft für Gartentherapie IGGT, ndlr). Une étape très importante pour promouvoir une vision professionnelle qualitative et se distancer des clichés ésotériques parfois associés aux thérapies naturelles.

Où et comment exercez-vous votre profession, dans votre pays?

J’accompagne maintenant les structures intéressées ou directement les personnes qui en ont besoin, toujours selon la devise bien connue dans le domaine de l’écologie "autant que nécessaire mais aussi peu que possible". Et je constate en effet un besoin dans ce domaine. Si les jardins tendent à se multiplier dans les établissements de soins, par exemple pour les personnes âgées, les critères thérapeutiques ne sont pas forcément connus lors de la conception. Parfois, leur utilisation se perd progressivement faute de personnes compétentes en interne pour relier le jardin et le soin. De plus, le jardin peut paradoxalement devenir stressant pour le personnel de santé qui ne le connaît et ne le comprend pas. Il a l’impression de ne pas faire juste, ne reconnait pas les végétaux, craint leur toxicité etc.

Est-ce que l'activité est mieux connue et en développement?

Même si je constate un intérêt grandissant pour mon activité, l’hortithérapie est pour ainsi dire "méconnue" et le terme n’est pas utilisé, contrairement à la Suisse allemande, la situation reste toutefois complexe. Le jardinage reste associé à une simple notion de bien-être, facilement mise de côté dans une situation économique tendue. Une vision centrée sur le soin demande véritablement  un changement de paradigme parfois difficile à intégrer. Le jardinage à visée thérapeutique demeure pour moi encore une pratique annexe. Je dois conserver des activités dans le domaine du soin, en tant qu'aide-soignant à domicile et de jardinage. J’accompagne les collectivités dans la gestion durable des espaces verts. 

Pourquoi avez-vous participé à cette rencontre et que vous a-t-elle apporté?

La faible représentation de l’hortithérapie en Suisse romande m’a amené à développer un réseau très étendu vers l’extérieur. Je représente par exemple la section francophone de Société suisse d’hortithérapie, aujourd’hui principalement développée dans la partie germanophone et m’investit également dans un réseau d’échange européen auquel participe la fédération française des jardins nature et santé (FFJNS)**. Ce colloque me permet donc d’entretenir des contacts avec le réseau français que je connais déjà et dont j’apprécie le dynamisme et la rigueur. C’était également l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes et de comparer nos expériences ou nos idées de développement. De plus, le programme permettait également de mettre à jour ses connaissances sur les recherches en cours dans ce domaine.

Est-ce une expérience à renouveler et conseiller dans ce lieu chargé de sens ?

La tenue de ce colloque dans un établissement comme l’Hôpital Mère-Enfant a rendu l’expérience incroyable. Tous les participants se retrouvaient au cœur même du soin et d’emblée l’hortithérapie trouvait sa place comme pratique complémentaire à la médecine.. 
Les présentations étaient passionnantes, tant par leur niveau de connaissance que par la disponibilité des orateurs. Les échanges avec des personnes engagées au quotidien dans ce domaine étaient riches et les visites pertinentes pour présenter des démarches qui fonctionnent au quotidien et démontrer le potentiel du jardinage à visée thérapeutique.
Ainsi, j’ai pu confirmer et compléter mes connaissances sur la conception des jardins ou les végétaux à utiliser ainsi que sur les activités et la façon de les organiser. Bref, ce colloque reste une manifestation de très haut niveau qui m’a rendu encore plus confiant sur les opportunités d’applications dans le domaine de la santé. Leur développement va cependant, je pense encore prendre du temps. 

"La patience est précisément une vertu que le jardin nous enseigne"

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