Comment gérer les déchets de la production aquacole
Une méthode innovante qui utilise des vers de terre permet de traiter les effluents aquacoles. "Les rejets des systèmes aquacoles, composés de matières en suspension* (MES, ndlr) et de substances dissoutes, proviennent essentiellement de l’alimentation des poissons", explique-t-on chez BiOPONi.
Certaines portions de l’aliment ne sont pas consommées, d’autres sont ingérées mais mal digérées, et une partie est digérée mais non entièrement utilisée par les poissons.( voir encadré). Il est donc nécessaire de gérer au mieux ces rejets pour une meilleure efficiance de l'activité. Plusieurs facteurs influent sur la quantité produite et des solutions existent pour en limiter la production.
Rôle des systèmes d'alimentation en eau
Outre la gestion de l’alimentation, le débit de l’eau et son renouvellement dans le système jouent également un rôle crucial dans la concentration des composés solides et dissous. Ces composés sont évacués par les poissons sous forme de fèces (azote et phosphore solides, résidus alimentaires) et par les branchies et les reins sous forme d’azote ammoniacal et de dioxyde de carbone.
La lombrifiltration
La lombrifiltration utilise des vers de terre pour traiter les effluents aquacoles. Contrairement aux solutions de stockage ou de minéralisation des boues traditionnelles, ce procédé permet l’aspersion directe de l’eau chargée en particules organiques sur un substrat filtrant peuplé de lombrics. Ces vers, véritables champions de la minéralisation, absorbent jusqu’à 95 % des MES* contenues dans les boues, produisant un lombricompost duquel l’eau traversant le lombrifiltre va extraire les nutriments et produire un lixiviat en sortie aussi appelé « lombrithé ».
Le lombrifiltre se compose d’un réceptacle étanche, rempli d’une couche active de plaquettes forestières, où sont ensemencés et vivent les lombrics (Eisenia andrei ou Eisenia fetida). Ceux-ci dégradent la matière organique, et le percolat résultant est ensuite drainé pour être utilisé comme fertilisant soit dans les boucles végétales découplées des circuits aquacoles, soit en cultures en plein champ.
Cette solution naturelle, en plus de réduire les déchets, produit une solution nutritive et un compost de grande qualité, renforçant ainsi le cercle vertueux et les synergies possibles entre l’aquaculture et l’agriculture.
Néanmoins, en raison de la présence potentielle de bactéries pathogènes et de sa forte concentration en minéraux, le « lombrithé » ne doit pas être utilisé sur les boucles végétales couplées aux circuits aquacoles au risque de perturber l’équilibre physico-chimique et d’introduire des pathogènes très dangereux pour le cheptel (attention au lavage des mains, outils etc. et à empêcher tout contact du lombricompost ou lombrithé avec l’élevage).
Schéma de principe de la lombrifiltration
Les quantités de rejets produits dépendent principalement de la qualité de l’aliment, de la manière dont il est distribué, et de la santé du cheptel. La méthode de nourrissage du cheptel, les horaires, la fréquence et durée des distributions, et même la température de l’eau sont autant de facteurs qui influencent la quantité d’aliment gaspillée.
Une concentration trop élevée en MES peut avoir des effets négatifs sur l’élevage, en irritant les branchies des poissons et en favorisant la prolifération bactérienne. Pour éviter ces problèmes, il est essentiel de filtrer les MES présentes dans l’eau à l’aide de systèmes mécaniques comme les filtres à sable ou les tamis rotatifs.