La Jussie d'eau, une plante qui dépollue les sols et l'eau
Claude Grison, lauréate du Prix de l'inventeur européen 2022 et fondatrice de BioInspir, a développé une méthode pour décontaminer les sols et l’eau grâce à des plantes. Les métaux ainsi récupérés servent de catalyseurs pour la synthèse de nouvelles molécules. l'exemple de la Jussie d’eau.
La Jussie d'eau, plante originaire d’Amérique du Sud a été introduite en France au au XIXe siècle, au Jardin des plantes de Montpellier. S'étant très bien acclimatée, elle a progressivement envahi les canaux du Rhône et toutes les zones humides du sud de la France. Aujourd'hui, le contrôle de sa prolifération est devenu indispensable. En effet, en couvrant la surface de l’eau, elle condamne les autres plantes aquatiques à demeurer dans l’ombre et finit par provoquer leur disparition.
Ces éléments présents dans l’eau sont stockés, grâce à un phénomène physico-chimique appelé biosorption.
Avec l’aide d’une société spécialisée, la chercheuse* et son équipe récoltent environ dix tonnes par an de Jussie d'eau. Après plusieurs jours de séchage, la plante est broyée en une poudre de fines particules. En remplissant une colonne filtrante avec cette poudre, les équipes de BioInspir fabriquent un filtre végétal de biosorption utilisant les propriétés naturelles de la plante pour retenir les polluants. Concrètement l’eau prélevée (par exemple dans une rivière polluée) passe à l’intérieur de la colonne filtrante et la poudre de Jussie se charge en zinc, arsenic ou fer. Après usage, les filtres gorgés de métaux sont rapportés au laboratoire et ensuite transformés en «écocatalyseurs». Ils sont «éco(logiques)» car non issus d’activités minières et ce sont des «catalyseurs» car ils permettront d’accélérer les réactions chimiques nécessaires à la synthèse de nouvelles molécules, pour l’industrie du parfum ou du médicament.
Avec cette méthode développée par Claude Grison, la Jussie d’eau cesse d’envahir les zones humides et sert de filtre végétal pour dépolluer les eaux contaminées, filtres qui sont eux-mêmes recyclés en écocatalyseurs. Une méthode triplement bénéfique !
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