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Plus de 140 acteurs de la transition agroécologique appellent à "agir pour une agriculture du vivant"

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Les représentants des quatre premières structures qui ont soutenu le mouvement "Pour une Agriculture du Vivant dès l'origine" et 138 adhérents partenaires du mouvement, engagés dans la transition agroécologique en France, appellent les différents acteurs à "accélérer la transformation de notre modèle agricole". Tribune parue dans le Journal du Dimanche, le 11 octobre 2020.

La tribune : "Les défis auxquels notre civilisation fait face s'accumulent, symboles d'un besoin urgent de changement de paradigme. Les autorités ont décidé d'accélérer la transition écologique de l'économie française en y associant toutes les forces vives : citoyens, associations, entrepreneurs, agriculteurs, industriels. Dans la continuité de la Convention citoyenne pour le climat qui a défini un objectif de 50% de fermes en agroécologie pour 2040, le gouvernement vient d'annoncer un plan de relance ambitieux pour l'agriculture et l'agroalimentaire.

Les prochains mois seront cruciaux pour influer sur la nécessaire transition de notre modèle agricole et alimentaire vers une agroécologie vertueuse.

Il est temps d'accélérer la transformation de notre modèle agricole et alimentaire pour que
celui-ci devienne une réponse positive aux enjeux environnementaux

 Une conviction anime le mouvement Pour une Agriculture du Vivant : il est temps d'accélérer la transformation de notre modèle agricole et alimentaire pour que celui-ci devienne une réponse positive aux enjeux environnementaux, climatiques, de biodiversité, de santé, et de vie dans les territoires. Un moyen renouvelé de restaurer la confiance entre acteurs de la chaîne agroalimentaire et de créer de la valeur dans le respect de la Planète, des hommes, et de la biodiversité.

Chacun, agriculteur, coopérative, organisme stockeur, transformateur, restaurateur ou distributeur, s'engage dans une démarche de coopération pour faire évoluer ses activités.

Chacun, de là où il est, participe à régénérer les sols et prendre soin du vivant depuis les champs jusqu'aux assiettes.

C'est l'esprit fondateur du mouvement, et c'est ensemble, fort de la diversité de tous, que nous pourrons trouver les solutions en réponse à ce défi crucial pour notre civilisation.

Nous partageons la vision d'une agriculture réaliste et vertueuse, fruit de l'agroécologie.

Cette agriculture fondée sur le génie végétal et la photosynthèse est capable d'assurer une fertilité naturelle aux systèmes.

Elle peut produire une alimentation humaine et animale, abondante, de qualité au juste prix, et fournir des matériaux et de l'énergie.

Cette agriculture se base sur le socle agronomique des sols vivants.

Une nouvelle échelle de mesure doit être définie au regard des enjeux climatiques, environnementaux et civilisationnels impérieux

 Ce socle, commun et open-source, donne un cap à suivre pour faire évoluer les pratiques dans les champs.

Les valeurs créées sont multiples et se répercutent en cascade sur notre modèle de distribution, de restauration, d'alimentation.

Pour évaluer ces transformations et la valeur de ce qui est produit, une nouvelle échelle de mesure doit être définie au regard des enjeux climatiques, environnementaux et civilisationnels impérieux :

- La capture et le stockage de carbone dans les sols des parcelles agricoles. En faisant la promotion de techniques agroécologiques (optimisation du génie végétal, réduction jusqu'à suppression du travail du sol, agroforesterie…), les sols agricoles deviennent de véritables puits à carbone tout en participant à l'auto-fertilité (le carbone est LE carburant de la fertilité) des systèmes et les agriculteurs contribuent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

- La capacité des sols agricoles à infiltrer, filtrer et stocker de l'eau en quantité importante. Cette capacité étant directement liée à une vie biologique extrêmement dense et une bonne proportion de matières organiques. Les sols agricoles doivent devenir de véritables éponges. Au vu de l'intensité des aléas climatiques à venir, cette fonction revêt la plus grande importance.

- La production de biodiversité comme résultat de nos pratiques agricoles. Nos pratiques ont un impact direct sur la destruction ou la production de biodiversité. Outre la réimplantation de haies, d'arbres et l'abandon des substances potentiellement toxiques, il est aussi important de prendre soin de la vie de nos sols et de proposer les meilleures conditions à sa biodiversité invisible. L'ensemble de cette biodiversité invisible à nos yeux (bactéries, champignons, micro-faune) est essentiel pour la production de la biodiversité visible (insectes, oiseaux…). Tout cela représente LE moteur de la fertilité. Cette biodiversité s'entend aussi dans le sens de la préservation de l'immense patrimoine génétique, culturel et alimentaire que représente la diversité des semences, des variétés et des savoirs qui nous ont été légués au travers des millénaires.

- La qualité nutritionnelle des produits agricoles. L'agriculture se doit de produire des aliments, non seulement exempts de toxiques, mais aussi riches en nutriments. Cette richesse en nutriments est leur véritable capital gustatif et se doit donc d'être conservée par de bonnes pratiques tout au long des filières (Stockage, transport, conditionnement, transformation etc…).

- Le "bonheur intérieur brut à la ferme". Des fermes dont les moteurs de production sont le vivant et la photosynthèse, émerge un nouveau modèle de bioéconomie. La rémunération des producteurs et le prix des produits s'indexent sur la biomasse et la biodiversité produites ainsi que sur les résultats du soin apporté aux sols, aux écosystèmes et aux territoires. Le tout pour tendre vers des territoires revitalisés et un sens renouvelé du métier d'agriculteur.

Chacun des acteurs des filières alimentaires doit contribuer à faire émerger de nouveaux modèles économiques

 Le travail est devant nous et le monde agricole ne peut porter seul les changements. La transition est une responsabilité partagée pour faire du vivant le moteur de transformation de nos organisations et construire un système alimentaire re-territorialisé, résilient et économiquement viable.

Chacun des acteurs des filières alimentaires doit contribuer à faire émerger de nouveaux modèles économiques pour accompagner la création et la juste répartition des valeurs produites du champ à l'assiette.

Ce sont aussi des liens forts à re-tisser entre agriculteurs et consommateurs, aujourd'hui mangeurs responsables. L'accès à une nourriture saine, nutritive et à impact écologique positif, est une base pour rétablir la confiance avec les agriculteurs.

Au sein du mouvement Pour une Agriculture du Vivant, chaque membre qui nous rejoint engage sa responsabilité et élargit, de fait, ses missions sociétales et écologiques. Dans le quotidien de son engagement, il définit et met en place un plan de transformation de ses pratiques avec des référentiels de progrès en matière de transition agroécologique.

L'agriculture du vivant contribue à préserver la vitalité de nos sols et leur capacité à nourrir les hommes, pour la Santé Unique de la Planète."

Les signataires

Les représentants des quatre premières structures pilotes qui ont soutenu le mouvement "Pour une Agriculture du Vivant dès l'origine" : Thierry Bart, Directeur général, Flunch, François Mulet, Président, Ver de Terre production, Pascal Pasquier, Président directeur général, Groupe Brioche Pasquier, Dominique Schelcher, Président directeur général, Système U

Et 138 adhérents partenaires du mouvement, engagés dans la transition agroécologique en France.
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