A Molsheim (67), Myfood conçoit des serres connectées pour s'alimenter autrement
Basée en Alsace, Myfood conçoit des serres connectées qui combinent permaculture, aquaponie et culture à la verticale. Avec la promesse de couvrir l’essentiel des besoins d’une famille, facilement et sainement. Par Bruno Susset, dans VosgesMatin, paru le 11 septembre 2020.
Le potager, beaucoup ont essayé… Nombreux aussi sont ceux à avoir abandonné ! « Manque de temps, de compétences, d’espace », résume Matthieu Urban, un des fondateurs avec Mickaël Gandecki et Johan Nazarely de Myfood. Ce désir de se réapproprier sa production de nourriture est pourtant bien réel. Il a même été exacerbé par la crise sanitaire.
À Molsheim (67), au siège de la petite start-up devenue grande, le téléphone n’a d’ailleurs pas arrêté de sonner depuis ces derniers mois. C’est que les serres connectées conçues et commercialisées par l’entreprise alsacienne sont à même d’apporter une solution concrète à ce désir de changement.
Une démarche qui s’est nourrie de l’expérience personnelle des créateurs de la société, issus du monde l’industrie et de la finance jusqu’à cette prise de conscience qui les a poussés à donner un tour nouveau à leurs parcours professionnels afin de les mettre en adéquation avec leurs choix de vie. « L’idée, c’est bien de trouver une alternative à l’agriculture industrielle, qui, malgré l’essor du bio, s’enfonce dans un système qui va vers une baisse des rendements, un appauvrissement des sols… » Le changement ? « Il ne peut venir que des citoyens, en changeant leurs actes d’achat, ou bien en produisant leur propre alimentation. »
Associer élevage de poissons et culture des végétaux
La première serre connectée a vu le jour en 2015. Le concept combine culture à la verticale, permaculture et aquaponie, technique consistant à associer élevage de poissons et culture des végétaux qui se nourrissent de leurs déjections.
Un système vertueux, reproduisant au plus près les cycles naturels et excluant évidemment l’utilisation de tout intrant chimique, tout en maîtrisant la consommation d’énergie, grâce notamment à des panneaux solaires, et d’eau. Les serres les plus récentes sont même connectées. Elles sont pilotables à distance via une tablette ou un smartphone qui envoie les consignes en fonction des données récupérées en permanence : température, ph de l’eau, humidité, etc.
Déjà 300 serres déployées en Europe
« À ce jour, 300 serres sont déployées en Europe », précise Matthieu Urban. Myfood propose actuellement deux modèles de serres de 3,5m2 et 22 m2 avec la promesse de pouvoir nourrir une famille de 2 à 4 personnes selon la taille de l’installation et en y consacrant deux heures par semaine seulement (entretien, nettoyage des filtres, remplissage des distributeurs de nourriture pour les poissons, récolte… !).
Il y a aussi un jardin vertical urbain fonctionnant en bioponie destiné aux tout petits espaces, balcons, terrasses, voire salons ! Tous les produits sont livrés en kits prêts à être installés, seuls ou avec l’assistance de professionnels dépêchés par Myfood. Qui commercialise également semences, poissons… « L’investissement est amorti en 5/6ans », assure Matthieu Urban. En aval, Myfood a créé une communauté d’usagers, les « pionniers », qui échangent et partagent leurs expériences avec leur serre au quotidien.
L’entreprise, en forte croissance, a été labellisée par la fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard. Elle fait évoluer en permanence ses concepts et travaille sur de nouveaux projets, notamment la culture accessible aux particuliers de spiruline, une microalgue aux multiples vertus.