Le monde en 2050 : Agriculture urbaine et Villes vertes ?
Le magazine Sciences Humaines consacre son dernier Grand Dossier au "monde en 2050". Dans ce numéro s'expriment des inquiets et des confiants, à parts égales, quant à l'avenir. La relocalisation de la production alimentaire et des villes "nature" sont des facteurs d'optimisme pour l'avenir.
Nous sommes tous inquiets de l'avenir, mais nul ne peut dire qu'il le connaît. Sciences Humaines distingue deux catégories de prospectivistes : les sombres et les radieux. Les pessimistes sont inquiets des trajectoires possibles, les optimistes sont confiants pour l'avenir. Chacun des auteurs a reçu la consigne d'imaginer ce que sera le monde en 2050, et d'envisager deux scénarios, l'un positif et l'autre négatif. Aux lecteurs de construire leur opinion avec ces éléments. Chacune des six parties se compose d'une interview d'un expert transdisciplinaire, menée par un journaliste, d'encadrés didactiques, et de courts articles d'analyse et de synthèse des grandes tendances.
"Comment nourrir l'humanité en 2050 ?"
Gilles Fumey, enseignant-chercheur en géographie de l'alimentation (Sorbonne Université et CNRS) répond à la question en évoquant l'agriculture urbaine. "La relocalisation de l'agriculture en ville, c'est la prise de conscience par les citadins que la qualité de leur assiette dépend d'eux-mêmes. Avec les crises sanitaires, beaucoup se sont rendu compte que nombre d'entreprises agroalimentaires ont des pratiques frauduleuses. Pourquoi faut-il une telle batterie de lois pour protéger les consommateurs ?". Le mouvement de relocalisation alimentaire initié au Japon dans les années 1960 n'a pas connu de telles dérives. Les économistes et agronomes sont d'avis que nous pouvons nourrir le monde en utilisant mieux la géographie locale et en raccourcissant la chaîne alimentaire".
"Quelles villes pour le futur ?"
Franck Lirzin, ingénieur du corps des mines et ancien directeur exécutif de Gecina*, a écrit Paris face au changement climatique, un ouvrage prospectif paru aux Editions de l'aube, qui invite à un changement de culture du bâtiment et de la ville. Il conclut celui-ci avec cette écotopie : "Paris, été 2050. Aucune voiture ne circule en centre-ville, de hauts peupliers côtoient micocouliers et oliviers dans des zones naturelles où chantent les cigales, des potagers recouvrent une partie des Champs-Elysées. La "ville lumière" s'est transformée en "ville nature" grâce aux dispositifs d'adaptation déployés pour lutter contre le dérèglement climatique. La température lourde, reste supportable, en deçà des 50°C enregistrés en 2035, et la multitude de fontaines et de canaux qui parcourent la ville contribue à son rafraichissement, au grand bonheur des passants. Cet exemple illustre comment, ingénieurs, architectes ou encore urbanistes imaginent des solutions pour faire face au réchauffement climatique en milieu urbain.