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Les arbres de pluie, solution pour demain?

VAUBAN_APRES

Du 3 au 7 juillet  s’est tenue la 11ème édition de Novatech, rassemblement international pour la gestion durable de l’eau en ville co-organisée par le Graie* et la Métropole de Lyon. Parmi les différentes présentations auxquelles agri-city.info a pu assister, nous détaillons celle portée et présentée par Johana Sanabria et Hervé Caltran sur “les arbres de pluies”. Avec une interview de ce spécialiste.

Dans le cadre de sa politique de ville perméable, afin d’accroitre la résilience de son territoire et de restaurer les écosystèmes, la métropole de Lyon, en partenariat avec l’Office Française de la Biodiversité (OFB) et dans le cadre du Programme Européen Life ARTISAN** a décidé de mettre en œuvre sur son territoire une solution fondée sur la nature : "Les arbres de pluie" .

L'arbre de pluie, un arbre bien particulier

Suivant la définition du livret technique, l'arbre de pluie est un arbre dont la fosse de plantation a été pensée et dimensionnée en surface et en dépression pour gérer une partie des eaux de ruissellement, favoriser le développement de l’arbre et la biodiversité y compris du sol..
Il est conseillé d'adapter un protocole bien défini. Avant chaque réalisation, il est nécessaire d’identifier les zones prioritaires ( à fort risque de surverse ou d’inondation), de prendre en compte si c’est un aménagement urbain existant ou à venir, de connaître la nature de son sol ainsi que la pluviométrie sur son territoire et d’identifier quelle technique choisir pour gérer au mieux les eaux pluviales. Selon le livret technique, pour rendre et apporter des services écosystémiques efficaces tel sque la réduction du ruissellement et de la surcharge des réseaux d’assainissement, la recharge de la nappe phréatique, le développement des Ilots de fraîcheur. Mais aussi l'’augmentation de la biodiversité urbaine, ainsi que l’amélioration du cadre de vie. { restrict /}

Conditions d'installation

Les fosses d’arbres doivent être aménagées avec les quatre éléments précis. Déja, une zone de stockage : tranchée d’infiltration ou poche de stockage. Ensuite, une entrée dégagée et en pente et sans bordure ouverte aux deux-tiers. Ensuite, une différence altimétrique, une zone de dépression avec apport de terre fertile et végétalisation pour favoriser la biodiversité (aérienne et dans le sol). Et enfin, un agrandissement de la fosse d’arbre à 10 m2 de surface perméable minimum.

Premières expérimentations

Les 5 premiers arbres ont été inaugurés rue Vauban à Lyon en novembre 2021. Avec bientôt deux ans d’observations sur ces aménagements, le suivi de la dendrométrie (science de la mesure des arbres), de la tensiométrie (au niveau des racines de l’arbre), des données météos et les observations réalisées sur le terrain, il est possible d’affirmer que les tests grandeur nature ont été concluants, aussi bien sur la teneur en humidité du sol, que sur l’efficacité à infiltrer les 15 mm accumulés de pluie.
Il a pu être observé une amélioration notable de l’arbre sur les périodes de stress hydrique et le doublement de sa croissance. Il est à noté qu’en plus des solutions écosystémiques vu précédemment, en s’appuyant sur l’aménagement existant de la ville, elle limite les coûts liés aux travaux de voirie diminuant ainsi l’impact carbone. 
L'accompagnement s'est fait avec un outil d’aide à la décision, un cahier des charges technique complet, des documents téléchargeables pour obtenir une subvention auprès des agences de l’eau, Mais aussi un retour d’expérience de deux ans et 69 arbres de pluie déjà implantés.
Très certainement un exemple à suivre pour d'autres métropoles. il ne reste plus qu’aux élus à prendre le sujet à bras le corps

 
Hervé Caltran, direction de l'eau à la métropole de Lyon : "C'est aussi un outil de communication"

Comment avez-vous sélectionné les zones sur lesquelles allaient être aménagés les arbres de pluie ?
Nous avons identifié les zones représentant des problèmes d’ilots de chaleur, les zones à risque d’inondation ou d’eau stagnante après une averse, les rues dans lesquelles les riverains étaient déjà engagés dans le fleurissement et l’appropriation des pieds d’arbres. 

Quel retour d’expérience pourriez-vous nous partager dans l’accueil du grand public ?
Dans un premier temps, nous avons pu observer que le manque de communication et de connaissance des riverains sur les enjeux de la gestion des eaux pluviales pouvaient apporter quelques craintes ou crispations vis-à-vis de ces nouvelles solutions. La perte d’emplacement de parking ou les manques de savoir vivre liés aux déjections canines représentaient également des craintes Nous avons pu constater que l’arbre de pluie est un bel outil de communication sur les enjeux de l’eau et de la biodiversité et qu’après avoir expliqué le projet et sensibilisé les riverains, les retours sont positifs et la végétation mieux respectée.

Quels sont selon vous les points fort et les contraintes observées ?
Les arbres de pluie ont été réfléchis et imaginés depuis le départ comme une solution qui se voulait « lowtech » minimisant l’usage de gros engins pour les travaux de voirie et l’apport de matériaux plastiques. Ils permettent de répondre aussi à l’aménagement de rue très urbanisées, minérales et multi-usages dans lesquelles il était compliqué de gérer les eaux de pluie que dans des des aménagements neufs ou pour le coup il n’y a aucun problème. 
Côté contraintes, je ne m’attendais pas à découvrir autant de résistance au changement de la part des collectivités, de ses services techniques mais aussi des entreprises. Il y a un gros travail pour changer la vision de la gestion de l’eau. Avec le changement climatique, la moindre goutte d’eau qui s’écoule sur le sol devra être récupérée et gérée comme une ressource. D’un point de vue technique, on ne sait jamais ce qu’il y a dans le sol par exemple pour les arbres de pluie rue Vauban, nous avons trouvé d’anciennes fondations de bâtiments il nous faut donc composer et nous adapter à chaque situation. Enfin, il ne faut pas oublier que nous travaillons avec du vivant et que bien souvent, les anciennes fosses de plantation étant plus petites, le système racinaire des arbres existant est très dense et la terre très compacte, ce qui nous oblige à travailler délicatement, bien souvent à la main pour ne pas dégrader la plante.

Auriez-vous eu vent de projet à venir sur le sujet des arbres de pluie ?
Oui, deux thèses sont en cours sur le sujet dont une avec le Cerema. Par ailleurs, la métropole de Lyon est en collaboration sur un projet de 2 ans avec Montréal.

Propos recueillis par Richard Vincent
 
Pour aller plus loin
- Livret_arbre_de_pluie_web.pdf (ofb.gouv.fr)
- Bénéfices des arbres de pluie | Vers un territoire résilient (grandlyon.com)

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