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Les Assises des paysages fruitiers dans la cité ont tenu leurs promesses

2--Pleniire.-T-Regnier L'arbre fruitier a toute sa place en ville

Les nombreux enjeux associés à la réintroduction de l’arbre fruitier en ville ont constitué le fil directeur de ces premières Assises qui se sont tenues les 7 et 8 septembre à Nantes. Michel Schlosser, du Collectif co-organisateur, nous livre ses impressions sur ces deux jours d'échanges "intenses, riches et bienveillants".

La ville de Nantes, Plante & Cité, le Collectif pour l’inscription de l’art de l’espalier au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO et leurs partenaires voulaient contribuer à la réflexion sur la réintroduction de l’arbre fruitier en ville en réunissant un groupe de responsables municipaux et territoriaux, d’experts arboricoles, d’associatifs, de paysagistes et entreprises d’espaces verts, de pépiniéristes et d’enseignants. Selon les mots de Caroline Gutleben, directrice de Plante & Cité : « la greffe parait avoir pris » et après deux jours d’échanges intenses, riches dans 5 plénières, 23 ateliers et trois visites, entre 230 participants et intervenants, les organisateurs ont été chaleureusement remerciés.

Sur quoi ces échanges ont-ils porté ?

Dans le panel d’ouverture coanimé par Jacques Soignon (CCVS1) et Michel Schlosser (Collectif), Michel Audouy (Valhor) a rappelé la dimension historique de l’arbre fruitier dans la cité. Les réalisations fruitières sont des projets à long terme qui demandent un suivi continu. Nantes est un exemple en ce domaine et cela a été montré par les intervenants nantais : Delphine Bonamy, Romaric Perrocheau, Gwenaëlle Blaison et Frank Coutant qui a mené les visites. Un autre exemple d’engagement à long terme sur le fruitier a été présenté et discuté par Sabine Rauzier (Alès). Deux autres villes, Bordeaux avec Eve Demange et Lyon avec Pierre Foucard et Fabien Nuti ont présenté leur expérience des fruitiers. 
Comme l’ont fait valoir Pauline Frileux et Christine Chasseguet (les Arbusticulteurs), François Moulin et Thierry Regnier (experts arboricoles), l’arbre et l’arbuste fruitiers permettent une très grande variété de réalisations fruitières en ville. 

Les participants ont montré un grand intérêt pour échanger sur les spécificités techniques de la gestion de l’arbre fruitier

Ce sont les deux ateliers de Jacques Beccaletto (expert arboricole) sur ce thème qui ont été les plus souscrits. Le suivi du fruitier tout au long de l’année a été aussi discuté par Christine Coulomb (Jardin des Merlettes) et Bérengère Le Cocq (ARBRES - Bruxelles). Simon De Muynck (ARBRES - Bruxelles) a présenté des premiers résultats sur l’impact de la pollution sur la production fruitière. Les participants ont échangé sur la richesse des services rendus par les arbres fruitiers : services culturels, sociaux, écologiques, etc. : intervention de Gil Melin (Ris-Orangis), présentation par Catherine Chagnon (Collectif) des résultats de l’Observatoire des paysages comestibles fruitiers dans la Cité mené avec le soutien de Plante & Cité, et ateliers sur les services de biodiversité avec Solène Soulas (Arthropologia) et sur les fruits marqués avec Bernard Lelièvre (SRHM de Montreuil2).

Au programe de ces journées également, la nature nécessairement coopérative des réalisations fruitières : coopération entre municipalités, citoyens et associations et entre les services des villes

Des regards associatifs ont été apportés par Sébastien Goelzer (Vergers Urbains), Catheline Pieters et Nadia Tahon (Velt - Bruxelles), Werner Amgarten (Fructus), Henri Fourey (Croqueurs de Pommes), et Kat Rosen et Stéphanie Irvine (Orchard Project à Londres, une association britannique qui travaille directement avec les citoyens plus qu’avec les municipalités).
L’implication naturelle de plusieurs professions dans les projets fruitiers a été abordée : regards de paysagistes avec Alexandra Bonnet (ENSP3) et Alix de Saint Venant, regards de pépiniéristes avec Laurent Chatelain (pépinières Chatelain), Jean Christophe Legendre (Astrédhor) et Arnaud Crosnier (Excellence Végétale) et regards de l’agriculture urbaine avec Marie Fiers (AFAUP) et Stéphane Lehuédé (Nantes Terre Atlantique).

On a également examiné les stratégies pour réussir la réintroduction de l’arbre en ville à partir des exemples d’ARBRES (Bruxelles) avec Charlotte Mauquois et Pierre Lacroix et de Jardins - Forêts Urbaines à Berlin avec Jennifer Schulz. Guillaume Bruneaux (CRRG4) a présenté les instruments d’incitation de la région Hauts de France.
Qui dit stratégies dit instruments d’évaluation et de mesure : thème abordé par Juliette Colinas (chercheuse indépendante) ; Rémi Guillem (Vergers Urbains) et Luca Dustewitz (Université de Potsdam). Les recherches à entreprendre ont été abordées par Guillaume Morel-Chevillet (Astredhor)
Il est finalement apparu que la réintroduction de l’arbre fruitier demande un effort considérable de formation à différents niveaux : information, formation de jardiniers et d’experts. William Christie a introduit le thème avec un parallèle fascinant avec la réintroduction de la musique baroque et son travail de transmission aux Arts Florissants. Ce thème a été ensuite abordé dans des discussions menées par Céline Gerbaud (CNFPT), Régis Triollet (Hortipaysage), Michel Schlosser (collectif), Hélène Rabreaud, Raphaël Hervouët et Frank Courtial (CFP-MFR La Ferrière) et Arnaud Duplat et Alexandre Degardin (Ecole Du Breuil).

Le futur ?

Nous espérons que ces assises seront le départ d’un processus contribuant au succès de la réintroduction du fruitier en ville. Un instrument d’accompagnement sera le guide produit par Plante & Cité en coopération avec le collectif au printemps 2024.

La rédaction avec Michel Schlosser

Qui est ce Collectif pour l’inscription de l’art de l’espalier au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO ?
L’espalier est l’une des façons de cultiver les arbres qui s’est développée au cours des siècles dans le but d’obtenir des fruits qui ont de grandes qualités gustatives, qui ont une belle apparence et qui, étant à portée de main, sont faciles à cueillir. Les espaliers peuvent être conduits sur les murs d’un jardin (espaliers stricto sensu) ou sur une armature dans le jardin. C’est ce qu’on appelle les formes plates et il existe également des petites formes en volume (gobelets, pyramides, etc.). De faible volume, les espaliers peuvent permettre d’apporter l’arbre fruitier dans les petits espaces urbains. Le collectif vient d’obtenir l’inclusion de l’art de l’espalier au patrimoine culturel immatériel en France.

1Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées 
2Société Régionale d'Horticulture de Montreuil
3Ecole Nationale Supérieure de Paysage
4Centre régional de ressources génétiques
Photos Michel Schlosser

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