Covid-19 : Menace ou opportunité pour les systèmes alimentaires territoriaux ?
Adèle GUEN, alors étudiante à AgroParisTech en master 2 "Agroécologie, Société, Territoire", a entrepris, lors de son stage de fin d'études au sein du cabinet Auxilia Conseil, des recherches au sujet des systèmes alimentaires territoriaux à l’épreuve de la crise de la Covid-19. Elle a ainsi réalisé son Mémoire sur la problématique : « Covid-19 : Menace ou opportunité pour les systèmes alimentaires territoriaux ? Etude du rôle des collectivités territoriales à l’échelle locale pendant l’épidémie de Covid-19 ». Adèle GUEN a accepté de nous parler de son travail et des principaux enseignements qu'elle en a tiré.
Réalisée d’avril à août 2020, cette étude rend compte de la compréhension personnelle de l’étudiante des enjeux agricoles et alimentaires soulevés par la crise de la Covid-19. Le travail de l'étudiante s’est basée sur des recherches bibliographiques mais aussi sur des entretiens réalisés auprés d'acteurs de terrain, même si ceux-ci ont été limités en raison des contraintes sanitaires. Adèle GUEN s’est appuyée en particulier sur les travaux du Réseau mixte technologique (RMT) Alimentation Locale, sur les études d’associations comme Les Greniers d'Abondance, France Urbaine, RESOLIS et Terres en ville et sur des publications médiatiques. {restric /}
Adèle GUEN a cherché par son travail, à mieux appréhender le rôle des collectivités territoriales dans la construction de systèmes alimentaires durables. Elle s’est ainsi demandé si, d’une part, les territoires engagés pour la transition agricole et alimentaire se sont montrés plus résilient à la crise, et d’autre part si l’épidémie de Covid-19 pourrait impulser de nouvelles actions publiques en faveur de systèmes alimentaires territorialisés et durables.
Adèle GUEN a d’abord analysé les effets provoqués par la crise sanitaire sur les systèmes alimentaires et sur la sécurité alimentaire à l’échelle française principalement, mais aussi mondiale. Elle a ensuite étudié le rôle des collectivités territoriales pour la résilience alimentaire et le potentiel renforcement de leur engagement en faveur de systèmes alimentaires territorialisés et durables.
Pour Adèle GUEN, l’épidémie de Covid-19 a mis en lumière les failles des systèmes alimentaires ainsi que les risques de sécurité alimentaire inhérents aux systèmes en place. Elle a ainsi remis au centre de l'attention la question de la résilience alimentaire et a engendré une certaine prise de conscience.
La crise a également révélé la capacité des collectivités territoriales à se saisir de ses préoccupations et à mettre en œuvre des mesures d’urgence pour répondre rapidement, notamment pour aider les plus démunis. L'augmentation de la précarité alimentaire a montré que les questions agricoles et sociales étaient trop souvent dissociées et que des synergies étaient à créer pour apporter une alimentation de qualité pour tous. Cette situation a ainsi contribué à affirmer le rôle clef que peuvent jouer les communes et intercommunalités pour assurer l’approvisionnement alimentaire de leur population et soutenir la production locale. La crise a créé ainsi un contexte favorable de reconnaissance de la résilience des voies alternatives comme les circuits courts et de proximité.
Pour Adèle GUEN, reterritorialiser l'alimentation veut dire produire localement ce qu'il est possible de faire, sans pour autant chercher forcément l'autonomie alimentaire du territoire. Il faut pouvoir offrir à tous une alimentation saine, en évitant si possible d'aller la chercher trop loin. L'épidémie de Covid-19 pourrait bien constituer une étape clef dans le processus de création de systèmes alimentaires durables et territorialisés. Les collectivités locales sont dans une position privilégiée pour les concevoir et pour fédérer les acteurs locaux. Les résultats des dernières élections municipales ont révélé un désir des citoyens d'une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux et de plus en plus d'élus engagent leurs collectivités dans les PAT (Programmes Alimentaires Territoriaux).
Cette prise de conscience des citoyens du rôle central de l'alimentation va t-elle perdurer ? L'intêret des consommateurs pour les circuits courts sera t-il durable ? Les producteurs qui se sont organisés pour répondre à la demande pourront-ils supporter les surcoûts logistiques engendrés ? Les démarches qui émergent ici ou là pour reterritorialiser l'alimentation vont-elles perdurer ? Les collectivités auront-elles les moyens financiers d'accompagner ces évolutions ?
2021 apportera sans doute des débuts de réponses à toutes ces questions. Adèle GUEN ne manquera pas d'apporter toute son expertise sur ces questions pour éclairer tous ceux qui s'y intéressent.
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