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Agriculture urbaine : la Métropole de Rouen souhaite cultiver plus dans les villes

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A l'occasion de la venue à Rouen d'Audrey Pulvar, adjointe à Paris en charge de l'alimentation durable, le 23 septembre 2020, la Métropole de Rouen évoque ses ambitions. Article de 76actu.

L’agriculture urbaine prendra-t-elle une place plus importante dans la métropole Rouen Normandie dans les prochaines années ? C’est en tout cas une volonté de son président, Nicolas Mayer-Rossignol, pour son « monde d’après », convaincu de l’intérêt de cultiver des légumes en ville pour contribuer à la résilience alimentaire du territoire.

Selon lui, ce n’est « pas qu’un sujet de bobo » : « Je l’ai vu en tant qu’ex-candidat, ça intéresse énormément les citoyens, et c’est la bonne nouvelle », assure-t-il, installé dans un fauteuil de son bureau du 108 sur les quais de la rive gauche. Assise près de lui, son invitée du jour, l’ancienne présidente de la fondation Hulot et adjointe à la mairie de Paris en charge de l’alimentation durable, Audrey Pulvar acquiesce.

Elle est venue le 23 septembre 2020 apporter son expertise et échanger sur les circuit courts et l’agriculture urbaine avec des acteurs locaux. Après une visite du parc de la Ruche à Elbeuf, l’inauguration du champ des Bruyères à Rouen, puis une réunion de travail, elle s’apprête à se rendre à une table ronde au 106 sur « les métropoles comestibles », dans le cadre de la semaine de débat sur la transition écologique et sociale, avec son homologue à la métropole Yves Soret.

Une partie de la solution

« Le niveau d’autosuffisance alimentaire de la métropole se situe sous les 3 %, indique Yves Soret. Les plus compétitives dans le domaine atteignent à peine 10 %. » Si l’objectif de l’autosuffisance semble pour l’instant utopique, la marge de progression réalisable vers plus de résilience s’avère importante.

L’apparition de ces nouveaux portefeuilles d’élus consacrés spécialement à l’alimentation durable montre d’ailleurs l’intérêt renforcé des collectivités pour cette problématique et tout ce quelle inclut : l’organisation des flux de production, de fourniture, de distribution, la création d’emploi, le traitement des déchets, le respect de l’environnement, la structuration du paysage urbain, la création de lien social, la formation ou encore, par exemple, l’accompagnement pédagogique.

Mais l’agriculture urbaine ne constitue qu’une partie de la solution, explique Audrey Pulvar : « Ça n’a pas vocation à remplacer l’agriculture de plein champ. » Elle permet cependant à ceux qui n’ont pas accès à un producteur bio près de chez eux, d’avoir des petites surfaces cultivables à proximité pour répondre à leur besoin d’alimentation à un coup raisonnable, et de manière respectueuse pour l’environnement.

Elle suscite de nombreux projets dans les quartiers, qu’ils soient associatifs, citoyens ou à visée professionnelle ou semi-professionnelle : « A Rouen, ce qui me frappe c’est qu’on a un potentiel avec une histoire agricole dans les villes, analyse Nicolas Mayer-Rossignol. Il y a beaucoup de gens qui travaillent sur ces sujets, mais je pense qu’on manque d’outils publics qui facilitent tout cela : les mises en relation, la limite des risques, le coup de pouce financier. »

Des endives et des champignon dans le parking de la Grand-Mare

La commande publique fait partie des leviers utilisables, notamment via les cantines scolaires, selon les trois élus. Les deux Rouennais pensent également à d’autres dispositifs pour faciliter l’installation des professionnels. « Il y a parfois des difficultés à trouver les bons porteurs de projet, explique Yves Soret. Il y a une adéquation à faire une offre de terrain, et les personnes qui n’ont pas forcément la formation requise. »

Il propose la notion d' »espaces tests » pour lancer des activités avec un certain niveau de sécurité. « On l’a fait pour le commerce où il y avait des boutiques test, souligne Nicolas-Mayer Rossignol. Avec des baux adaptés, plus de risque du côté public et moins pour le privé. Pourquoi ne pas le faire pour ce domaine ? » Reste à trouver du foncier. Pour cela, Audrey Pulvar estime que les villes ont un fort potentiel :

Pour l’instant on utilise des toitures, des cours d’école, un peu de parking et d’agriculture verticale. Il y a plein d’espaces qu’on peut utiliser en plus de ceux existants sans supprimer l’espace pour les usagers : des parcs, des terre-pleins centraux, des dents creuses, des murs, des chantiers qui sont à l’arrêt dans lesquels on peut faire énormément de choses.

A Rouen, « un gros projet d’étude » est par exemple en cours pour utiliser le parking de la Grand mare, fermé depuis longtemps. « Cet espace serait dédié à la culture d’endives et de champignons, révèle Nicolas Mayer-Rossignol.

Je ne dis pas qu’on pourra nourrir tout le monde avec cela, mais il y a d’autres projets
qu’on va annoncer dans le cadre de la renaturation de la ville. »

 

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Audrey Pulvar, adjointe à Paris en charge de l’alimentation durable, a échangé son expérience avec Yves Soret et Nicolas Mayer-Rossignol à Rouen. (©MN/76actu)
 
Les friches sont également des terrains envisageables, mais souvent pollués dans les vallées industrielles. « Là encore, la puissance publique doit s’en emparer, souligne le président. Les seuils de rentabilité font que le privé n’y touchera pas. Cela donne souvent lieu à des offre mixtes associant des bureaux et du logement. »

Un tiers de l’espace métropolitain est par ailleurs recouvert de forêt. « On ne veut pas sous prétexte d’agriculture aller manger ces terres-là », rassure Nicolas-Mayer Rossignol, fier de montrer au passage le trophée «

Pour la redistribution à Rouen, la métropole souhaiterait transformer le Marché d’intérêt national en base logistique : « Le MIN est important en surface et tout proche du cœur de l’agglo. Le projet est de l’utiliser comme base pour la livraison au dernier kilomètre avec des véhicules non polluants. Cela permettrait de faire mieux en termes d’impact écologique. »

En s’engageant dans cette voie, la métropole aura besoin de l’investissements sur le long termes des participants. « L’objectif est d’avoir un modèle qui soit soutenable pour la puissance publique », indique Nicolas-Mayer Rossignol.

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