Pour Gwenaelle Raton, chargée de recherche à l'Université Gustave Eiffel, "la logistique des circuits courts n'est pas une logistique des circuits longs en miniature". Les choses sont beaucoup plus compliquées et la logistique en agriculture urbaine en est l'illustration. Retour sur son intervention du 1er février à l'Académie d'Agriculture.
Les circuits courts se différencient des circuits longs par des flux beaucoup plus fragmentés du fait de lieux de production enclavés, de la diversité des produits commercialisés et d'une logistique réalisée le plus souvent par des non professionnels. "L'ensemble des tâches est reporté sur le producteur". Ces caractéristiques en font "une logistique complexe où le levier de la massification est plus difficile à mobiliser". Par ailleurs, Gwenaelle Raton pointe une inadéquation avec les dispositifs techniques et règlementaires en vigueur dans la logistique des circuits longs : "les outils de la logistique conventionnelle ne sont pas toujours adaptés pour résoudre les problèmes". Enfin, contrairement à ce l'on pourrait croire, leur bilan environnemental n'est pas forcément meilleur (trajets répétés, trajets à vide...).
Ainsi en zone rurale, les tournées qui s'effectuent sur un rayon de 150 km en moyenne, sont plus nombreuses avec des temps de livraison plus importants (10 h/semaine), davantage de points livrés et une utilisation plus fréquente de camions frigorifiques. En comparaison, en périurbain, les temps de livraison sont moins importants (6 h/semaine) et si les tournées s'effectuent aussi dans un rayon de 150 km, il y a davantage de trace directe (A/R** entre la ferme et un point de livraison), et moins de tournées et de points livrés. Certaines tendances de fond sont observées en périurbain : un tropisme urbain, une multipolarisation des intermédiaires logistiques et des ruptures de charge pour les derniers km.