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Nicolas Détrie, sélection du Grand Prix de l'Urbanisme 2022 a publié un texte à l'intention du jury suite à cette sélection. "L’urbanisme, ça n’est pas construire des nouveaux quartiers, c’est fabriquer de l'implication, c’est casser la spirale de la cherté..." En voici, un résumé. 

Bifurcation ? Le mot est dans tous les discours d’étudiants. Il ne s’agit plus seulement de réaliser des efforts sectoriels. Pour le climat et la biodiversité, mais aussi pour le plaisir de vivre, sortons d'une organisation collective basée sur la consommation et le développement. L’urbanisme doit nous y aider. L’Urbanisme, ça n’est pas construire des nouveaux quartiers. Construire des quartiers neufs coûte extrêmement cher, en argent, en carbone, et en matières premières. Alors même qu’il y a tellement d’endroits sous-utilisés.

L’urbanisme, c’est l’art du partage des espaces

Posons-nous toujours la question : qu’est-ce qui compte ? Apprendre, se retrouver, manger, s’habiller, s'amuser, respirer, dormir, s’occuper des enfants, des fragiles et des vieux, travailler, créer, réparer. L’urbanisme sert à garantir de l’espace à toutes ces fonctions, pour les humains, et pour les animaux et les végétaux. L’urbanisme, c’est fabriquer de l'implication. La matière première des prochaines décennies, c’est le temps des gens. C’est la somme de nos comportements individuels et collectifs qui vont permettre de produire une organisation sociale post-consumérisme. L’urbanisme est la fabrication du cadre physique de la possibilité de ces relations nouvelles. L’urbanisme, c’est casser la spirale de la cherté. Nous ne réussirons pas la transition écologique tant que le logement coûte si cher. Car pour payer un logement cher, on se coince dans des crédits et des emplois parfois tristes. Intervenons pour sortir l’espace d’une logique de prédation et de financiarisation !

L’urbanisme doit accomplir sa mue

Les pistes pour agir ? Il y en a plusieurs dans le texte : développer l’architecture adaptative, augmenter l’intensité d’utilisation des bâtiments existants, multiplier les espaces d’accueil de la précarité, développer l’urbanisme interstitiel, créer des foncières non-lucratives pour pérenniser les initiatives émergentes, tester d’autres formats d’habitat, encourager les nouveaux métiers non-extractivistes, augmenter la mobilité territoriale, aménager de nombreux espaces extérieurs, ludiques, productifs et pédagogiques.
Alors on bifurque pour mieux vivre ?

Pour lire le texte complet

A propos de l'auteur.
Formé à l’urbanisme et à l’économie urbaine, Nicolas Détrie mobilise ses forces dans l’intention que notre organisation sociale se compose davantage d'hospitalité, de frugalité et d'inventivité. Il organise d’abord une trentaine d’ateliers internationaux sur les stratégies urbaines ; puis en 2013, il co-fonde Yes We Camp, un collectif associatif qui crée et anime de nombreux dispositifs participatifs et tiers-lieux, dans des terrains et bâtiments mis à disposition à titre gracieux (Les Grands Voisins, Foresta, Coco Velten, Buropolis…). Fellow Ashoka et Palmarès national des Jeunes Urbanistes, Nicolas est aujourd’hui engagé dans différentes initiatives politiques et culturelles.