Et si l'on pouvait, à la fois lutter contre la pollution, freiner les inondations, recharger les nappes et agir pour la biodiversité ? C'est ce challenge que relèvent l'Agglomération de La Rochelle, l’ONG "Bleu Versant" et l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, en transformant les cours bitumées des écoles en sol absorbant propice à accueillir les eaux de pluie.
Une dizaine d’écoles et un collège sont impliqués dans ce dispositif. L'association menant, par ailleurs, des actions similaires sur l’Ile de ré, en Bretagne et en Vendée. La démarche vise à déconnecter ce flux pour éviter une alimentation excessive du réseau d’eau pluviale. L'action porte aussi bien sur l'aménagement des cours de récréation que, par exemple, sur une nouvelle orientation des gouttières. "C'est aussi une action pédagogique et de sensibilisation car le projet est co-construit avec les enfants, les enseignants et les parents d'élèves", commente Samuel Garnier, chargé d'interventions à l'agence de l’eau.
Une étape pédagogique importante
Cette phase didactique d'échanges mais surtout de compréhension est capitale pour la réussite du projet. Pendant une semaine Bleu Versant anime, en effet, des ateliers participatifs pour planter des végétaux, questionner sur les usages, recueillir les plans imaginés par les élèves et enseignants puis proposer un projet d’aménagement pour la cour. "Lors de ces ateliers, commente Barthélémy Schlumberger, directeur de Bleu Versant,, nous expliquons aussi bien le fonctionnement de l’eau, que les enjeux climatiques puis nous mettons l'accent sur l'école concernée. Il est important non seulement de lever les craintes des enseignants ou des parents mais aussi de travailler avec les services techniques de la ville qui, ensuite, vont entretenir ces futurs espaces renaturés".
L'association et l'agglomération sont lauréates d'un appel à initiatives lancé sur la gestion intégrée des eaux pluviales. L'agence de l’eau finance, d'une part, les études préalables et la démarche pédagogique dont le coût est d'environ 20 000 € par établissement scolaire et, d'autre part, 50 % à 80 % des travaux d'aménagement (avec un coût allant 33 à 110 €/m2 déconnecté).
Sur le territoire de l'Agglomération de La Rochelle, l'enjeu est de taille car les eaux pluviales finissent, notamment, sur la plage et dans la mer conduisant, ponctuellement à la fermeture du littoral pour risque de pollution. Car l'eau qui se déverse ainsi sur le goudron, les routes et les caniveaux drainent hydrocarbures, plastiques, excréments canins... jusqu'aux milieux récepteurs ici le milieu marin. Aussi, limiter l'imperméabilisation des sols, pour que chaque parcelle absorbe l'eau là où elle tombe, est un enjeu capital.
S'orienter vers des Solutions fondées sur la nature
L'Agglomération de La Rochelle qui compte 28 communes a d’ailleurs intégré récemment dans son Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) l'interdiction de raccorder les projets d’aménagements au réseau d’eau pluviale pour s’orienter vers des solutions fondées sur la nature. " Désormais, commente Serge Ceaux, directeur des eaux de l’agglomération, chaque intervenant et partie prenante travaillent de façon plus intégrée.
L'objectif est d'avoir la capacité de conserver l'eau d’une pluie centennale sur la parcelle où elle tombe, c'est-à-dire 92 mm d’eau en 24 heures. Or, statistiquement c'est un risque sur 100 qu'elle tombe dans l’année".
Cet emballement des chiffres, cette accélération de la survenue d’orages et leur densification, font que les réseaux en place ne sont plus de toute façon dimensionnés pour collecter de telles quantités d’eau.
Cette gestion intégrée des eaux pluviales, s'avère une démarche efficace pour, d'une part, limiter les pollutions et lutter contre les inondations, et d'autre part contribuer au rechargement des nappes, créer des ilots de fraîcheur, et ainsi limiter les émissions de carbone. Ce sont des actions, à la fois, immédiatement efficaces mais qui s'inscrivent également dans la préparation de l'amplification des bouleversements climatiques.