Immersion au sein de La ferme Suzanne ; véritable « laboratoire » à ciel ouvert de la start-up Cultures en Ville. Nous sommes au cœur d’un centre omnisports, le parc Suzanne Lenglen, dans le XVe arrondissement de Paris. Cette ferme en toiture qui fournit des paniers aux habitants et entreprises du quartier doit devenir un lieu de formation et de rencontres. C'est le prototype des futures fermes en préparation pour l'entreprise.
Dans ce parc du sud parisien jouxtant la commune d’Issy-les-Moulineaux, lieu très fréquenté par les sportifs et promeneurs, se tapit le démonstrateur des prochaines fermes de Cultures en Ville. C'est une zone tertiaire et résidentielle, avec de nombreux bureaux à proximité, et bordé d’habitations. "Nous cultivons en permaculture et pratiquons la rotation des sols", explique Antoine Juvin, ingénieur agronome de formation et associé de Cultures en Ville qui a mis en place ce premier concept de ferme, amené à se démultiplier.
Deux toitures, dont l'une ouverte au public
La ferme Suzanne est constituée de deux toitures dont l'une d'entre elles seulement est ouverte au public. Celle-ci, réservée à la production et dénommée "champs" d'une surface de 860 m2 dédiée à l’accueil, et propose des paniers maraîchers aux habitants, mais aussi des animations multiples et des formations, ces dernières plutôt en stand by depuis la crise sanitaire. Le champ de Suzanne est la toiture de production sur 570 m2 de surface, avec une cinquantaine de variétés de cultures, pour assurer une production de saison de fruits, légumes et plantes aromatiques…
Un écosystème durable
L'idée est de développer une agriculture urbaine « low tech » et respectueuse des saisons. Dans un esprit de résilience, nous mettons notre savoir-faire de création et de gestion d’écosystèmes durables et comestibles dans la ville au service de tous, afin que chacun puisse y prendre une part concrète.
Nous fournissons à nos usagers légumes, fruits et plantes aromatiques cultivés grâce à une méthode s’inspirant de l’agroécologie et des principes de la permaculture. Respectueuse de l’environnement, notre production est pensée de manière circulaire, et réfléchie afin que nos cultures soient en synergie les unes avec les autres. "Bien sûr, nous n’utilisons aucun pesticide mais comme notre culture est hors-sol, nous ne pouvons pas avoir le label « bio ».
Travail avec d'autres agriculteurs locaux
Suzanne met à la vente ses fruits, légumes et plantes aromatiques issus de sa production. Que ce soit sous la forme d’un abonnement d’une saison, ou à l’unité, nous composons des paniers de fruits et légumes prêts à être consommés, pour un maximum de fraîcheur. Il existe trois formules de panier, suivant la taille, de 10 à 20 euros et la vente est organisée le jeudi après-midi. La vente des légumes se fait également au détail, lorsqu’il reste suffisamment de légumes après récoltes pour les paniers. "Nous sommes capables de produire 70 paniers par semaine, avec au moins 4 variétés de légumes différentes dans chacun d'entre eux et un bouquet de plantes aromatiques. Nous proposerons également la vente de petits fruits (fraises, groseilles, cassis, framboises, etc.) en parallèle à celle des paniers. Nous complétons avec des produits de nos agriculteurs partenaires, qui respectent un cahier des charges que l'on a mis en place et ce qui donne aussi la possibilité d'offrir des produits transformés de leurs fermes, comme le jus de pomme, par exemple. En hiver d'ailleurs, nos paniers sont composés à 80 % des produits des fermes partenaires, car nous produisons peu de légumes d'hiver, ici comme les navets ou les choux par exemple.
Nous tenons à être dans les prix du marché, mais visons la rentabilité économique
Nous avons deux points de distribution : un à Arcueil et un autre sur ce site. Notre clientèle à 100 % de riverains et beaucoup moins des salariés, la crise sanitaire, ayant orienté la clientèle davantage vers les riverains. Nous mixons la clientèle des salariés d'entreprises et des habitants du quartier. ». On va revenir vers les entreprises et notre souhaite est de garder un équilibre et suivant les jours de la semaine.
Accompagnement du cabinet Chartier Dalix
Si le site a un volet production très fort, c'est aussi un support pour des visites, des ateliers, des formations et des team-building, ainsi que des programmations culturelles. ll est d'ailleurs prévu d'installer en dehors des espaces potagers, une forêt comestible, une cuisine, une grande terrasse pour les événements, une terrasse d’accueil, et même une mini-maison modulable.Le cabinet d’architecte Chartier Dalix nous a accompagné et apporté son expertise à la ferme Suzanne, "C’est l’addition de nos savoir-faire qui a permis la création de ce lieu", synthétise Antoine Juvin. Nous proposerons des ateliers jardinages, yoga, dessin et des événements pour les entreprises. Notre idée est de développer un lieu qui mélange agriculture et culture.
25 salariés à horizon trois ans
"Nous avons actuellement une salariée à plein temps sur place, qui va être rejoint par une autre très prochainement. À l'horizon de 3 ans, sur l'ensemble de nos fermes, nous devrions être à 25 salariés, avec à la fois des postes de maraichers, de chefs de cultures et d'ouvriers maraîchers. Le projet est à Vitry, en partie en insertion. Deux autres sites sont en préparation sur la région parisienne, mais aussi sur Lille et Lyon, et "nous avons également des projets sur Nantes, Toulouse et Bordeaux", confie l'ingénieur agronome. Cultures en Ville a bien conforté son modèle, depuis 2015.
Claire Nioncel