Timac Agro et le CNES* se lancent dans le programme de recherche Vroom, destiné à assurer l’autonomie alimentaire de spationautes en missions longues et lointaines vers la Lune voire sur Mars. Explications.
Le spécialiste de la nutrition et de la biostimulation végétales veut, à partir de ce programme, tirer des enseignements pour "cheminer vers une agriculture terrienne plus sobre" avec "pas ou peu d’eau, pas ou peu d’énergie, pas ou peu d’espace, pas ou peu de main d’œuvre et pas de temps à perdre" . Difficile de faire plus extrême pour tenter, malgré tout, de cultiver son jardin.
C’est en tout cas le défi que Timac Agro et le Centre national d’études spatiales (CNRS) vont tenter de relever dans les cinq prochaines années, sous la houlette de l’Agence spatiale européenne (ESA). Baptisé Vroom (Vegetables and ROOts on Moon), le projet est destiné à établir les conditions de l’autonomie alimentaire de spationautes, en partance puis en résidence sur la Lune, à compter de 2035, puis sur Mars, à compter de 2045.
Un support de culture de type lunaire
À l’heure actuelle, l’alimentation des spationautes est essentiellement constituée de repas lyophilisés et plats réchauffés apportés par cargo depuis la Terre, ce qui sera plus compliqué dans le cadre de missions lointaines. Cultiver des aliments devient donc indispensable à la poursuite de l’exploration spatiale. Problème : jusqu’à présent, les expérimentations de cultures d’aliments n’ont pas permis d’assurer la ration calorique nécessaire des spationautes.le tout imprimé en 3D et répondant aux impératifs de sobriété précités. Les premiers tests ont démontré la capacité de contenir l’ensemble du réseau racinaire d’un maïs mature de 2,55 m dans une spire de 10 cm de haut par 10 cm de circonférence.
Au-delà des ressources limitées, la culture des plantes sur la Lune doit aussi composer avec l’absence d’atmosphère et de lumière et une gravité différente, ce qui crée des conditions de stress inédites pour les plantes. La filiale du Groupe Roullier compte bien aussi relever ce défi en mettant à profit son expertise en biostimulation. Validé par le CNES, le prototype de spire va intégrer un démonstrateur grandeur pour des expérimentations programmées en 2024.
Des légumineuses prioritairement
En ce qui concerne les espèces végétales, le CNES et Timac Agro France ont fait le choix de se concentrer sur les légumineuses. Source d’apport protéique indispensable pour la survie, riches en glucides et en fibres, et favorisant la satiété dans le temps, elles constitueront la base de l’assiette des participants au programme. La diversité des cultures possibles (fèves, pois, haricots, lentilles) permettra de varier les repas. Selon les espèces cultivées, la consommation de 300 à 500g de légumineuses par jour permettrait de couvrir 100% des apports en protéines, lipides et glucides.
Elles seront accompagnées d’autres végétaux tournés vers le plaisir tels que des légumes, salades et tomates, plantes aromatiques qui permettront de complémenter l’apport en vitamines, minéraux (oligo-éléments) et fibres. « Au-delà de la conquête de l’espace, les applications technologiques liées au projet Vroom bénéficieront à l’agriculture sur Terre qui doit, dans un contexte de changement climatique accéléré, s’orienter vers l’ultra-sobriété », prédit Timac Agro.