La serre urbaine répond à des contraintes en rapport avec ses fonctions : production mais aussi accueil, lien social, capteur énergie… Les professionnels doivent y voir une opportunité de valoriser leur savoir-faire d’agriculteurs auprès des citadins.
L’agriculture urbaine adopte les outils de production à l’agriculture conventionnelle. La serre, dans son rôle de protection des plantes et de gestion du climat, en est l’exemple le plus démonstratif. Mais penser qu’une serre d’agriculture urbaine est une serre de production construite en ville est semble-t-il un raccourci trop simpliste.
Un espace dédié à d’autres fonctions
Eric Laget, de l'entreprise CMF, a mentionné toutes les différences et singularités à Angers lors du symposium Greensys 2019. « Une serre urbaine ne répond pas aux mêmes normes et contraintes qu’une serre de production. Les projets sont beaucoup plus complexes à mener, tant sur le plan technique et administratif qu’opérationnel », précise le spécialiste. En effet, en termes de résistance, l’édifice est contraint aux normes du bâtiment (charge en neige et vent, normes sismiques…). Il doit aussi répondre à celle d’accueil du public (nature du verre de couverture, stabilité au feu, désenfumage, évacuation...). De plus, la serre fait généralement partie d’un projet ou d’une amélioration architecturale en association avec d’autres bâtiments.
« L’interface entre le bâtiment existant ou futur est un point déterminant dans la conception et l’élaboration du projet. Ce qui conduit à travailler très en amont, souvent avec des cabinets d’architectes », explique Eric Laget. Car si la serre est un lieu de production, elle peut aussi être un espace dédié à d’autres fonctions : capteur d’énergie, régulation d’ambiance, lieu d’agrément, d’accueil… De plus, les contraintes logistiques sont totalement différentes. «Il est plus simple de réaliser un chantier de 10 ha de serre professionnelle sur un site totalement ouvert que quelques centaines de mètres carrés au dixième étage en plein cœur d’une métropole », image-t-il. De fait, les coûts de construction peuvent être multipliés par 10 ou 20 en rapport aux outils professionnels. « Toutefois, les coûts au mètre carré d’une serre urbaine sont inférieurs à ceux du mètre carré de bâtiment habitable », commente Eric Laget.
Les porteurs de projets sont essentiellement publics
« En Europe, les porteurs de projets sont essentiellement publics qui y voient une amélioration de l’habitat. Outre-Atlantique, les investisseurs sont souvent privés en associant différentes sources de profit : production et commercialisation de produits issus de la serre ou à proximité, association avec d’autres services comme la restauration, l’organisation d’événements… », mentionne le Directeur Commercial du groupe. Aujourd’hui, CMF compte une quinzaine de réalisations en portefeuille et de projets de serres urbaines comme la cité maraîchère de Romainville, la ferme du rail à Paris ou encore le projet Symbiose à Nantes (avec les partenaires principaux Métropole Habitat, Ecotropy, Claas Architectes) où la serre est aussi un capteur d’énergie pour fournir l’eau chaude des sanitaires aux logements qui y sont adossés.
« Chez nous, l’agriculture urbaine est une mise en commun d’une double compétence déjà acquise au sein de l’entreprise, avec CMF Cultures qui est un pôle de construction de serre de production et CMF Bâtiment, unité de construction de jardineries notamment », précise Eric Laget. « Les serres urbaines ne doivent pas être considérées comme des projets concurrents à ceux de la production. Ils peuvent en revanche servir à valoriser l’image et le savoir-faire des professionnels », conclut-il.