Symbiose a été conçu pour récupérer une partie de la chaleur générée par la serre pour chauffer l’eau utilisée par les locataires. Cette structure d'agriculture urbaine d’un nouveau type inaugurée le 6 septembre 2022 sur le toit d’un immeuble nantais laisse entrevoir de nouvelles opportunités. Explications
Objet phare de la rénovation urbaine du secteur Chêne des Anglais / Bout des Pavés, la serre-pépinière Symbiose préfigure l’émergence d’un quartier nourricier, "Nantes Nord Fertile", d'ailleurs lauréat de la seconde tranche de l'appel à projet "Quartiers Fertiles" de l’ANRU. Fortement soutenue par les représentants des associations de locataires, la serre trône sur le toit d'un immeuble des années 70 du parc de Nantes Métropole Habitat (NMH), composé de 24 logements sociaux, qui a fait aussi l’objet de travaux de rénovation thermique.
Symbiose est équipé d’un dispositif bioclimatique capable de capter l’énergie afin de réguler la température dans la serre tout en préchauffant l’eau utilisée par les habitants. Techniquement, la serre comprend un système de pilotage classique (vérins d’ouverture des lucarnes, stores) relié à un logiciel de pilotage. Celui-ci, construit à partir d’algorithmes par la start-up Ecotropy, recherche l’optimum entre la chaleur produite par la serre, les besoins du bâtiment en eau chaude sanitaire et la stabilisation d’une température ambiante pour les cultures maraîchères. L’air chaud est extrait par une pompe à chaleur et stocké dans un ballon situé en rez-de-chaussée puis envoyé dans le circuit intérieur de l’immeuble. Le système détermine à tout moment le choix optimal entre le stockage des calories, leur utilisation ou leur évacuation pour trouver le meilleur équilibre entre l’énergie récupérée et l’énergie consommée.
En hiver, le bâtiment est chauffé par le réseau de chaleur, ce qui permet de maintenir hors gel la serre pour une exploitation de légumes d’hiver. Selon les calculs prévisionnels, l’énergie fournie par la serre permet de couvrir 70 à 90 % des besoins énergétiques pour la production d’eau chaude sanitaire sur l’année. L’apport complémentaire est effectué par un appoint électrique.
Durant un an, Simon Prévost, maraîcher de la ferme urbaine « l'Alouette rit », située dans le quartier Doulon-Bottière à Nantes, exploitera la serre en y faisant pousser fruits, légumes, plantes aromatiques, etc. Cette première année constitue une phase d’expérimentation pour tester, en collaboration avec We Agri et avec le soutien de la Chambre d'agriculture des Pays de la Loire, plusieurs types de plantations et d'activités pédagogiques en fonction des saisons.
Les premières récoltes seront distribuées aux habitants du quartier via les offres solidaires existantes sur Nantes Nord. Symbiose est un outil démonstrateur de l'agriculture urbaine, qui a été aménagé pour permettre la mise en place d’activités maraîchères et pédagogiques, avec des espaces intérieurs, des voies de circulation et du mobilier technique adaptés. L’organisation de visites et d’ateliers permettra au public (scolaires, habitants, professionnels, etc.) de découvrir la serre-pépinière, en complément des ateliers pédagogiques proposés toutes les semaines depuis 2020 par l’association Bio-T-Full sur le jardin et la petite serre géodésique créés au sol avec les habitants du quartier.
Les chiffres :
Espace en toiture : 400 m2 ;
Surface Agricole Utile : 200 m2
Volume de la serre : 1 490 m3 ;
Coût des travaux d'installation : 300 000 €
10 projets européens de recherche sur les serres en toiture
- Aux Pays-bas : Situé à La Haye le projet The New Farm s'inscrit dans une serre existante de 1000 m2 auparavant exploitée par Urban Farmers, entreprise qui a fait faillite aprés deux ans d'exploitation en production aquaponique. La serre appartient aujourd'hui à la ville et l'objectif est de trouver un nouveau modèle économique.
- En Allemagne : A Oberhausen d'abord, avec une serre high tech, appartenant à un privé (Haas Architect), qui s'inscrit dans un modèle collaboratif de recherche avec les équipes de GROOF. A Himmelgrun ensuite, au sein d'une crêche privée (Kindergarten), avec une serre au sol de 200 m2, connectée avec le bâtiment qui abrite la cantine. L'objectif est ici éducatif.
- En Belgique : Deux projets dans le centre de Bruxelles. Le premier (Remparts des Moines) est un projet en cours de définition sur un bloc d'immeubles appartenant à la ville. Le second (Elisabeth), se situe sur le toit d'une ancienne salle de concert qui va être réahabilitée.
- Au Royaume-Uni : A Londres, dans un ancien quartier industriel avec un projet en toiture d'immeuble en cours de définition, et à Grayshott (sud de Londres) où les travaux du projet Seed Leaves sont imminents. Il s'agit d'une serre de 575 m2 adossée à un bâtiment appartenant à un privé qui souhaite faire de l'aéroponie.
- En Irlande : Le premier est porté par la ville de Dublin sur le toit d'une administration et l'autre se situe à Cork sur le toit d'une université avec un objectif social et recherche. Les deux sont en cours de définition.
- En France : A Lyon où les travaux du projet Ma Ville Verte porté par un promoteur immobilier sont imminents. Le projet de serre en toiture avec un objectif social et business prendra place dans un lieu qui accueille déjà une activité d'agriculture urbaine en pleine terre.
Photos Nantes Métropole Habitat
A lire aussi sur agri-city.info :
Retour sur le webinaire Groof "Valoriser un bâtiment avec une serre en toiture"
La serre en toiture des Fermes de Gally accueillie avec chaleur, à Saint-Denis
Découvrez Agrotopia, la plus grande serre européenne en toiture