Cyriac Duval est encadrant technique à la Ferme du Rail depuis 2 ans. Il nous présente le site, son fonctionnement et comment l'agriculture urbaine y trouve place.
Comment est gérée la Ferme du Rail et quelle place y tient Travail et vie ?
Au sein de la Ferme du Rail ( voir notre article précédent, ndlr) trois structures cohabitent : l’une gère l’hébergement, l’autre le restaurant Le Passage à Niveau, et enfin la structure Travail et Vie dont je suis salarié est chargée de la partie production, avec des personnes en réinsertion.
En 2014, c’est en répondant à l’appel à projets Réinventer Paris que des personnes du quartiers architectes, paysagistes, bailleurs sociaux, ont lancé la Ferme du Rail. Ce tiers lieu a une vocation à la fois sociale et écologique. Le site a été construit avec beaucoup de réemploie : les pierres du jardin sont récupérées des carrières de la ville de Paris, le bâtiment est fait de bois et de paille, toute la faïence et le bois des intérieurs ont été récupérés sur des chantiers. Au sein de la Ferme du Rail, Travail et Vie fait du compost, du jardinage et occasionnellement l’entretien du site avec quelques travaux. Pour compléter nos revenus, nous réalisons des des prestations de service à l’extérieur comme l'entretien, la taille de haie, des travaux de jardinage…
Pourquoi cette activité d'agriculture urbaine s'est-elle développée dans le projet de départ?
Travail et vie avait débuté son activité à la Ferme du Rail en créant des bacs à compost sur la petite ceinture à proximité en récoltant les déchets de restaurants et épiceries proches en vélo triporteur. J'ai moi-même intégré la structure après un BTS en Gestion Protection de la Nature (GPN) et avec une formation en aménagement du territoire. Le chalenge m'a plu. L'activité de compostage s’est développé pour devenir une véritable unité au sein de la ferme avec des cuves électromécaniques qui accélèrent le processus et permettent d’en traiter 35 tonnes. Ce compost, issu des commerces extérieurs mais aussi de notre propre restaurant Le Passage à Niveau, nous sert pour notre potager, mais aussi sur nos chantiers espaces verts en dehors de la ferme. Nous sommes très économes en eau puisque toutes les eaux de ruissellement de pluie du site arrivent dans un bassin de rétention, dans une cuve de 25000 litres. Cette eau est réemployée pour l’arrosage et pour le compost, qui en nécessite environ 100-120 m3 annuellement.
Quelles sont les contraintes de ce mode de fonctionnement ?
Les employés sont recrutés dans une dimension de réinsertion professionnelle avec les Atelier de Chantier d’Insertion (ACI) ( voir note dédiée, ndlr). Ils sont majoritairement sans domicile fixe, sans expertise et avec des soucis personnels importants. L'objectif est que notre personnel en réinsertion trouve un travail après son expérience à la Ferme du Rail, ce qu'on appelle les sorties positives. Il peut aussi être dirigé ensuite vers un autre type d’insertion ou vers une formation - sorties dynamiques Ce sont des contraintes très fortes dans la gestion des équipes et l'organisation du travail sur place.
Que cultivez-vous et quels sont les débouchés ?
Nous cultivons une très grande variété de produits. A la fois des fruits et légumes dans notre potager, mais aussi des herbes aromatiques, des micropousses et des graines germées en serre, des pleurotes et des shiitakés en intérieur, et des plantes sauvages comestibles. L’immense majorité de notre production potagère est vendue au Passage à Niveau mais ne représente qu’environ 2% des aliments à la carte, et une petite partie est commercialisée via des AMAP** depuis un an.
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