Quatre élèves ingénieurs agronomes en 4ème année à UniLaSalle Rouen ont dans le cadre d'un voyage d'étude, étudié l'agriculture urbaine à Marseille. Elles en présentent les différents formes, les atouts mais aussi les obstacles rencontrés par les porteurs de projet.
Ville contrastée et confrontée à une multitude de problématiques, Marseille se caractérise par son taux de pauvreté élevé (25,1%) avec une concentration de celle-ci dans les quartiers nord et centre. L’accessibilité alimentaire, en termes de prix et de matières premières, est une problématique majeure pour la ville. Beaucoup de marseillais vivent dans des secteurs que l'on peut qualifier de "déserts alimentaires », avec un accés à des aliments sains et de qualité difiicile. Néanmoins, plusieurs initiatives émergent et parmi les solutions possibles figure l'agriculture urbaine, portée par plusieurs acteurs de la ville.
De multiples associations et groupes d'habitants unissent leurs forces pour aménager des jardins sous diverses formes et apporter des espaces végétalisés à un centre-ville jusqu'à présent assez "gris". Au total, plus de 558 associations sont actives au sein de la ville, un indicateur d'une riche cohésion sociale et fédération entre les habitants. La nature et l'agriculture urbaine font partie des thèmes des activités et évènements organisés par certaines de ces associations, à l'image de la Journée Internationale de la Biodiversité ou des 48h de l’Agriculture Urbaine. L’association La Cité de l’Agriculture est notamment un acteur majeur du développement de l’agriculture urbaine au sein de la ville, avec pour lieu de démonstration et d'expérimentation, la ferme Capri située dans les quartiers nord.
Marseille abrite de nombreuses petites fermes qui opèrent dans et autour de la ville avec une grande variété de cultures (fruits, légumes, herbes et fleurs). La ville compte notamment un nombre croissant de petites fermes en agriculture biologique qui contribuent à alimenter le marché local des aliments biologiques et qui promeuvent des techniques agroécologiques. Il existe aussi quelques exploitations professionnelles, qui sont soit des fermes mixtes qui associent céréales, légumes et cultures fourragères, soit des exploitations maraîchères qui se concentrent sur la production de légumes, pour fournir les marchés locaux.
A côté de cela, de nombreux jardins partagés et de multiples initiatives d'agriculture urbaine qui fleurissent avec un aspect social qui prend souvent le pas sur le volet production, car il apporte une valeur ajoutée aux quartiers. Situées dans ou à proximité de quartiers confrontés à des problèmes de pauvreté et de ségrégation, ces projets souvent lancés par des marseillais issus des classes moyennes, sont destinées aux jeunes dans l'objectif de leur faire découvrir les bases du maraîchage.
La question de la pérennité d'un projet agricole en zone urbaine est centrale, car tout peut prendre fin en quelques jours.Les étudiantes ont observé également une certaine réticence de certains vis à vis de porteurs de projets "d'une classe sociale supérieure" qui monopoliserait des terres au dépend des habitants de ces quartiers qui utilisaient les terres dites « abandonnées » pour diverses activités. Autre interrogation, les cultures sont souvent arrosées avec de l’eau "du robinet"; dans le contexte actuel de changement climatique, il est légitime de se poser la question de la productivité et du devenir de ces projets le jour où l’eau deviendra une denrée rare et moins accessible. De nombreux agriculteurs urbains font également part de la présence de métaux lourds dans les sols marseillais dus aux activités industrielles passées et expose la difficulté de trouver des terres arables à proximité du centre-ville. De façon générale, les agriculteurs évoque la pauvreté des sols en éléments nutritifs, la proximité du substrat rocheux (en raison de faible épaisseur du sol) et la sensibilité au stress hydrique.
Exemples et aspects techniques de projets d'agriculture urbaine à Marseille :
- Le Talus : Jardin partagé et « tiers-lieu » ; Sur sol; Terrain SNCF inutilisé ; Légumes, petites plantes, arbres fruitiers... ; 3500 m2 ; 3900 adhérents, 120 parcelles autogérées, Récoltes autogérées, Site ouvert aux bénévole, sateliers du mercredi ; Connecté à l’eau du robinet de la ville.
- La Ferme Capri : Ferme expérimentale de l'association La Cité de l'Agriculture ; Sur sol; Ancien terrain vague ; Poivrons, fruits, légumes..; 3500 m2 ; Un jardinier à temps plein « Service civique » Quelques bénévoles ; Connecté à l’eau du robinet de la ville.
- Ferme des petits champs : Ferme maraîchère en plein champ avec serre ; Ancien terrain vague ; Légumes, Fruits (fraises), élevage de volailles, vieux vergers... ; Environ 4000 m2 ; Un jardinier à temps plein et un éleveur à temps plein ; Connecté à l'eau du canal de marseille.
- Wesh Grow - La plateforme : Hors sol ; Ecole ; Micro-pousses ; 25 m2 ; Entreprise hébergée dans le bâtiment de l'école « La plateforme ». Connecté à l’eau du robinet de la ville.
La ville de Marseille c'est :
- 58 parcs de plus de 1 hectare et 16 parcs de plus de 5 hectares.
- Environ 273 places publiques.
- Des espaces verts qui représentent plus de 700 hectares.
- Environ 49 AMAP.
- 66 jardins partagés avec un projet politique d'en créer davantage pour développer l'agriculture urbaine au sein de la ville.
Article réalisé à partir du rapport intitulé "Un mini guide pour le développement de Marseille : Le Comestible et éco-ville" réalisé par Jeanne Bideault, Elsa Oge, Loïse et Thelma Soual.
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