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Arnaud Vincent a démarré sa carrière chez Topager, avant de partir deux ans à Madagascar. A son retour, il tâtonne un peu avant de revenir à ses projets d'origine et intègre Merci Raymond où il est salarié depuis 2018. Il est aujourd'hui chef de projet et accompagne des chantiers très variés, ce qui le passionne. Il nous raconte.

Arnaud, pourquoi avez-vous choisi la voie de l'agriculture urbaine ?

Je suis Parisien d'origine et j'aime la ville. Après des études de lycéen, interne à Reims où j'ai côtoyé des fils et filles d'agriculteurs, j'ai entamé une formation d'ingénieur agricole, à l'école de Purpan, à Toulouse. J'ai adoré découvrir le monde agricole durant mes études et j'ai eu la volonté de partager et faire connaitre ce monde et ses enjeux aux citadins. Venant de Paris, je voyais très concrètement qui y avait une véritable déconnexion entre les citadins et le monde agricole et j'ai voulu faire le lien entre deux mondes, celui de la campagne et celui de la ville. Ainsi, j'ai eu l'opportunité d'intégrer la start-up Topager, à la fin de mes études en 2015. On parlait encore peu d'agriculture urbaine à cette époque-là, mais j'avais déjà la conviction qu'il fallait remettre du végétal dans les villes et la volonté de contribuer à un projet qui place l’humain au centre. 

Qu'avez-vous appris et découvert dans cet univers particulier de l'agriculture en ville ? 

J'ai déjà découvert qu'il existait plein de métiers et de parcours très différents et pas uniquement des personnes issues de formations agricoles justement. J'ai rencontré des gens en reconversion, des architectes, des urbanistes, des menuisiers comme des paysagistes. Et puis, j'ai pris conscience que l’agriculture urbaine rend énormément de services à la ville et pas seulement dans le domaine de la production. J'ai été assez frustré au début de mon parcours car je voulais produire beaucoup et démontrer à mes amis agriculteurs que c’était possible. Il a bien fallu reconnaître que les conditons sont difficiles en ville. Mais j'ai réalisé que l'agriculture urbaine rendait beaucoup d'autres services qui sont aussi importants, voire davantage, comme celui de créateur de lien social avec les jardins partagés en particulier. Je me suis également rendu compte que les potagers apportaient une véritable valeur ajoutée pour une entreprise qui veut attirer de nouveaux talents.

Vous avez passé deux ans à Madagascar, puis êtes revenu travailler en France. Pourquoi avez-vous réintégré l'agriculture urbaine, avec ce poste que vous occupez de chef de projet chez Merci Raymond ?

Oui, là bas ce sont de petites exploitations et j'ai beaucoup mis la main à la terre. J'encadrais des équipes et cela m'a beaucoup apporté. Certaines pratiques sont transposables à la France bien que la culture soit complétement différente à Madagascar. J'ai également découvert que l'agriculture urbaine était un secteur en plein développement avec une multitude d’acteurs, une multitude de manière de produire, toujours en évolution ! C'est un milieu très R&D et avec beaucoup d’entreprenariats.

Malgré les difficultés à prendre un véritable essor, quel avenir voyez-vous pour l'agriculture urbaine ?

C'est un modèle très récent donc encore en cours de développement, avec des difficultés pour trouver des systèmes économiques viables et pérennes. Il est nécessaire de faire beaucoup de pédagogie pour expliquer ce qui est possible ou pas de faire (surface minimum, type de bail, exposition, sol…). Mais elle est aussi créatrice de lien social, et occupe désormais une place centrale dans les enjeux des villes de demain, avec la crise du Covid puis le réchauffement climatique. En 2015, il y avait très peu d’acteurs dans l’agriculture urbaine et on pensait que c’était juste une mode...

Vous voyez-vous poursuivre votre carrière dans ce secteur et quelles sont vos ambitions ? En France ou à l'étranger d'ailleurs ?

Oui, j’aime ce secteur nourricier et à taille humaine et je suis persuadé qu’une agriculture respectueuse des hommes, locale et écologique sera de plus en plus plébiscitée par la suite. Mes ambitions sont de travailler dans le conseil pour des projets de plus grande échelle (installation de fermes périurbaines), avec des objectifs de sécurité alimentaire pour les villes, d'intégration de l’agriculture à l’échelle de quartiers ou d'installation de maraichers en ceinture des villes ou dans les espaces renaturés des villes (loi ZAN). Certaines techniques d'agriculture urbaine sont transposables à la campagne et inversement.
Je pense qu'à l'avenir, deux modèles vont coexister : ceux qui demandent peu de surfaces, et particulièrement dans certains pays comme Singapour par exemple et plutôt high-tech et d'autres, davantage liés aux enjeux de développement durable et de maintien de la biodiversité. En tout cas, il faudra bien assurer un certain volume dans le secteur de l’agriculture car l'enjeu est bien de nourrir 9 milliards d'humains, en 2050.

Propos recueillis par Claire Nioncel
 

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