By Agri-City on jeudi 17 octobre 2024
Category: Biodiversité & végétalisation

Un ancien site agricole dédié à la culture du cresson, devenu havre de biodiversité

La cressonnière de Vaise est un haut lieu de biodiversité dans la ville de Lyon, ouvert sur visite au grand public. Cet ancien site cultivé de 4 ha est aujourd'hui en gestion naturelle et est valorisé comme véritable îlot de nature. 

Une fois longé l’immeuble bétonné de la piscine olympique du 9ème arrondissement de Lyon et passé le portail vert du site, la cressonnière de Vaise se dévoile dans ce lieu de verdure inattendue. Tout comme ses anciennes activités. En témoignent les bureaux d’AIDEN (ex ADN service) encore actifs, des constructions modulaires installées à l’entrée de la cressonnière. Dans les années 1990-2000, l’association exploitait un peu plus loin sur l’une des prairies, quelques parcelles pleine terre et des serres en maraîchage biologique. Ses activités combinaient chantiers d’insertion socio-professionnelle et vente de légumes aux adhérents de l’association, "une AMAP1 avant l’heure".

Un passé agricole révolu

Et bien avant, pendant 40 ans, un agriculteur pratiquait ici la culture potagère, et notamment celle du cresson. Il occupait les dépendances sur le terrain de l’ancienne propriété d’un industriel lyonnais, bâtie en 1820. Et même dans des temps antérieurs, du temps où la maison d’habitation bourgeoise n’avait pas encore été démolie et où son parc paysager s’étendait jusqu’à la Saône, l’exploitation de maraîchage du cresson prenait naissance dans les bassins traversés d’eau courante naturelle.
Malgré les conditions hydriques favorables en présence, ce passé agricole a aujourd’hui disparu, depuis une analyse des sols rendue obligatoire en 2007 ayant révélé une pollution des sols aux métaux lourds. La proximité directe du site avec le viaduc de l’A6 l’explique, tout comme l’activité humaine urbaine en général.
Mais cette tendance s’inverse et "l’homme devient indispensable à la survie du milieu", quand il s’agit d’entretenir les anciens bassins de la cressonnière, lors de lourdes opérations de faucardage menées chaque début d’année pour canaliser les roseaux, plantes invasives de type typha ou massette. Et éviter ainsi d’enfermer complètement le paysage ou d’appauvrir le milieu en raison d’une surabondance de déchets verts.
Dans une dizaine d’années, il paraît inévitable que ces cinq cressonnières pleine terre ne formeront plus qu’un seul et même étang, qui viendra s’ajouter à un réseau d’eau déjà important, composé de deux autres bassins de culture plus récemment bétonnés et des vestiges de l’ancien jardin d’ornement (mare, étang), sans compter les canaux visibles et ceux souterrains.

Plusieurs partenaires impliqués

Un véritable défi d’entretien pour la ville de Lyon, acquéreuse de la cressonnière dans les années 1990-2000, laissant en gestion naturelle les 4 hectares de cet îlot de nature. Pour ce faire, la Direction des Espaces Verts s’appuie sur un plan de gestion d’entretien élaboré tous les deux ans par ses partenaires, la FNE2 et la LPO3. Elle collabore également avec l’ONF4 tous les trois ou quatre ans, pour entretenir les zones boisées. Des éco-chantiers de participation citoyenne sont organisés ponctuellement, pour veiller autant à l’entretien du lieu, qu’à la sensibilisation du milieu naturel.

À une époque où derrière chaque mètre carré de surface urbaine est attendue une valeur économique ou productive, la cressonnière de Vaise fait exception.

Etant valorisé à son seul état d’être, un lieu de biodiversité dans la ville, ouvert sur visite au grand public. Avec l’espoir que cela dure, car la richesse floristique et faunistique du site contribue au niveau de la ville à une meilleure qualité de l’air, une régulation de la température, une limitation de l’imperméabilité des sols et une amélioration du cadre de vie.

Texte et photos de Caroline Ducrot
Une grande richesse faunistique et floristique
La richesse faunistique et floristique de la cressonnière de Vaise, identifiée ZNIEFF5 :
- Dans les zones humides : le  triton alpestre et le triton palmé, la salamandre tachetée et l’épinochette à 9 épines ;
- Sur le sol humide des prairies et en bordure des nappes d’eau, un vivier d’arbres et de végétaux typiques des marais, comme le saule blanc tortueux, la prêle des marais, le rubanier dressé, l’osier mais aussi de plantes invasives caractéristiques des cours d’eau de la région, telles l’sster d’Amérique et la renouée du Japon. Dans la mare, le nénuphar ;
- Des espèces végétales comestibles présentes sur le site, mais qui ne le sont plus au contact des pollutions : le laurier-sauce, la vigne, l’oseille et le néflier ;
- Dans les murs parcellaires en pisé, les abeilles sauvages.
- Dans la zone boisée, le cèdre du Liban et le pin noir d’Autriche, vestiges de l’ancien parc. Mais aussi l’érable, le frêne, le tilleul et le noisetier. Et le passage du blaireau, du renard et du chevreuil.
- Dans le bois mort, le scarabée et dans les arbres vivants, la mésange ou la buse variable.
 

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