Alfred Peter, paysagiste-urbaniste travaille sur l’adaptation de la ville aux changements climatiques. Selon lui, la prise en compte du climat doit contribuer à redessiner les villes. Il présente le concept d'inversion du regard : les espaces péri-urbains naturels, agricoles ou boisées peuvent rafraichir les villes s'il y existe des "gaines de ventilation".
L'urbaniste qui a créé l'Atelier Alfred Peter en 1985 (voir encadré), travaille depuis une vingtaine d'année sur la question des modes opératoires pour faire du climat un outil d’aménagement urbain. Mais il révèle que cela reste aujourd'hui qu'un "sujet de prospective" puisqu’en 20 ans d’expérience professionnelle, il n'a jamais vu un appel d’offres opérationnel sur ce sujet. "Il y en a beaucoup pour les infrastructures de transports, mais aucun sur le climat pour les urbanistes".
Le concept d'inversion du regard
L’inversion du regard est l’idée de concevoir la ville en partant de l’extérieur pour aller vers son coeur. "C’est l’inverse de ce qu’on a fait jusqu’à présent où la tradition de l’urbanisme est plutôt de partir de la ville qui, progressivement, ouvre son champ vers l’extérieur." Alfred Peter explicite le concept : "On reconstitue un immense frigidaire autour des villes qui soit capable de générer beaucoup de fraicheur (7 à 10 degrés de moins qu'en centre-ville)." Par frigidaire, l'urbaniste entend une nouvelle ceinture verte climatique, constituée de forêts, de zones agricoles (avec des cultures présentes l'été), qui vont créer de l'humidité et générer un gradient de température. Mais il précise : "nous sommes toujours dans le dogme de la densification, avec l'objectif de toujours rapprocher les habitants des centres-villes via les transports. Il va falloir dédensifier les villes et le climat nous oblige à revoir nos méthodes de travail".