Le 1er février, l'Académie d'Agriculture de France tenait une séance sur "Les conditions d'une nouvelle dynamique des agricultures périurbaines face à l'urgence de souveraineté alimentaire". Parmi les nombreux intervenants, Stéphane Layani, président de la société qui gère le M.I.N de Rungis que nous avions interviewé le 23 janvier 2022 a insisté sur les aspects économiques et d'organisation.
"Pourquoi les agricultures périurbaines ont disparu ?"commence d'emblée le président de la Semmaris et de rappeler que la région parisienne regorgeait de produits locaux de grande qualité, mais qu'entre le 19ème et le 20ème siècle, l'Ile-de-France est passée d'un approvisionnement par une agriculture locale à une agriculture nationale et internationale. La raison à cela est simple : "l'activité agricole est avant tout une activité économique et les agriculteurs sont des opérateurs économiques qui sont obligés de faire des arbitrages à toute période". A titre d'exemple, l'Ile-de-France était une grande région horticole, de production de fleurs, mais celle-ci n'a pu résister face aux envolés des prix du foncier...
Le haut fonctionnaire insiste sur les "raisons psychologique" de ce déclin. Depuis plus de 30 ans, la dissociation entre milieux urbains et ruraux, la distance entre l'agriculture et les citoyens, sont devenues telles que peu à peu, il s'est établi une crise de confiance. "Les résurgences du bio et du local sont avant tout une réponse à un problème psychologique". Les consommateurs n'ont pas confiance en des produits qu'ils ne connaissent pas et qui viennent bien souvent de loin. Dans un premier temps, le consommateur a demandé à la puissance publique de créer des labels pour se rassurer, mais la crise du Covid a révélé une appétence pour le local.