« La ville peut-elle devenir un champ ? » était le sujet à l'ordre du jour dans l'émission Le Débat de Midi sur France Inter, animée par Thomas Chauvineau le 11 août 2020.
Avec comme invités, Anouck Barcat, présidente de l'AFAUP, Pascal Hardy, fondateur d'Agripolis, Audrey Pulvar, adjointe à la mairie de Paris, et Bernard Oudard, arboriculteur en région parisienne, le dialogue s'est évertué à défaire certaines idées fausses généralement associées à l'agriculture urbaine, domaine encore en développement compte tenu de la grande diversité de ses formes et pratiques.
L'esprit de l'agriculture urbaine
Parmi les inquiétudes formulées par les auditeurs et Bernard Oudard, il y avait : l'artificialisation des sols, la mauvaise utilisation de nos infrastructures et de la technologie, la question du prix, notre rapport à la nature, et enfin les conséquences du changement climatique.
Les invités ont tous mis en avant un « esprit commun », sous-jacent à cette nouvelle agriculture, porté vers le développement urbain, la santé, le lien social et les nouveaux liens entre villes et campagnes. Car oui, tous affirment que l'agriculture relocalisée a de multiples bénéfices pour le bien-vivre urbain par sa vocation à complémenter l'agriculture conventionnelle, sans jamais la remplacer.
Dans cette optique, l'agriculture ne contribue pas à l'artificialisation des sols, mais cherche à redonner vie à des lieux abandonnés : il est question « d'utiliser des espaces contraints », affirme Anouck Barcat, et c'est dans ce sens que la technologie a un rôle à jouer. En fait, ces technologies agricoles ne sont pas si nouvelles que ça, quand on sait que 80% des tomates en supermarché sont cultivées hors-sol, comme l'indique Pascal Hardy. Ce sont les conditions de culture plus que les moyens qui ont changé.
Offrant un juste-milieu entre les prix du bio et ceux normaux, l'agriculture urbaine a aussi pour but de renforcer le lien social et de rapprocher les gens de leur alimentation. Elle crée des emplois non-délocalisables qui offrent des opportunités de réinsertion et reconversion sociales, combinés à un souci d'alimentation bio et de qualité.
Audrey Pulvar fait de l'agriculture urbaine une priorité
Cet échange était aussi pour Audrey Pulvar l'occasion de donner plus de détails sur ses orientations et projets en tant qu'adjointe à la mairie de Paris, pour la délégation « Agriculture, Alimentation Durable, et Circuits Courts de Proximité ».
Elle reconnaît le grand potentiel de l'agriculture urbaine, développée à 10% seulement dans Paris. Le but n'est pas l'autosuffisance : Paris ne peut faire sans le bassin parisien. Le projet de la nouvelle adjointe vise plutôt à développer autant que possible l'agriculture dans la capitale, et à renforcer les synergies avec le péri-urbain pour « la création d'emplois, l'économie circulaire et la diffusion de bonnes pratiques ».
pour la distribution d'une alimentation locale et saine pour tous.
Avec comme horizon les JO de Paris 2024, le défi est de taille.