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Des projets s’installent dans les anciens entrepôts, comme "la maison de l’alimentation", un collectif de projets autour de l’alimentation de demain. Des graffeurs ont réalisé une fresque, pour enjoliver la transition du lieu. LP/Esteban Pinel, paru dans Le Parisien, le 21 octobre 2020.

Un conteneur réaménagé en salle de vie aux sièges de cinéma récupérés met dans l'ambiance. Le décor rudimentaire est adossé aux Tonneaux, une friche industrielle et portuaire.

Sur cette parcelle, un collectif monte un projet alternatif : une maison de l'alimentation durable.

« L'idée est née à Berlin, où j'habitais, se remémore Nicolas Broussard, un des porteurs de projet. On se réunissait à plusieurs dans un jardin urbain, où il y avait également des conteneurs. On a eu la volonté de créer un truc comme ça. » C'est ainsi qu'a vu le jour l'association La Maison, autour de cinq idées : un bar à projets, une scène musicale, un magasin de producteurs, un restaurant alimenté par un jardin maraîcher, ainsi qu'une école de l'alimentation.

Des fonds européens pour reconvertir

Autant de pistes pour porter, dès aujourd'hui, la transformation de la Presqu'île de Caen. Erik Declerc, cofondateur de la Scop Tout en vélo, est le colocataire de la Maison. Il replante le décor : « Tous les terrains servaient au port et ses activités industrielles. Avec la Société métallurgique de Normandie (SMN), il y avait une forte activité autour du charbon et du métal, avec d'importants réseaux ferroviaires que l'on devine encore aujourd'hui. Mais la SMN a fermé en 1993. Ce sont des endroits atypiques. »

Un programme européen (Urbact) s'est donné pour mission de réfléchir au devenir de lieux désaffectés. Julie Calberg-Ellen, adjointe au maire de Caen déléguée à la transition écologique, a repris le dossier depuis les dernières municipales.

« Caen fait partie des territoires retenus par Urbact. Ce programme incite les collectivités à faire de leurs friches des endroits innovants. » Les Tonneaux ont été retenus par le programme. « Cela s'inscrit dans la reconversion de la Presqu'île, qui deviendra un écoquartier. » Une perspective de longue haleine, entamée en 2010, à cheval sur Caen et deux communes frontalières, Mondeville et Hérouville-Saint-Clair.

Un projet de longue haleine

L'Europe a apporté des moyens et stimulé la réflexion autour du lieu et ses projets. Maintenant que la maison de l'alimentation est sur les rails, les choses se décantent. La structure de l'ancien entrepôt sera renforcée, tout en gardant les arceaux, témoignage d'une ancienne toiture disparue. Nicolas Broussard compte pleinement profiter de la parcelle et du bâtiment prochainement ragaillardi. En attendant, avec ses compagnons d'aventure, il cogite sur le florilège de projets portés par le collectif.

L'ancien site industriel, voué à devenir un lieu de rencontres entre personnes forces de proposition, a embelli sa mutation. Un graffeur caennais, Oré, et son acolyte calligraphe tunisien, Ashraf, ont laissé parler leur inspiration sur les murs de la friche. Un serpent à plumes et des lettres arabes s'entremêlent pour colorer l'espace.

Un terrain de jeu idéal pour l'artiste : « Ici, on sent un truc maritime, délabré. C'est réinvesti par des associations et on profite de cette transition. » Oré, comme les autres acteurs investis dans le dossier, l'annonce : « à Caen, la Presqu'île sera la zone qui évoluera le plus dans la prochaine décennie. »