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"Se connecter à la nature", avec Gilles Galopin chercheur en biologie végétale

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Dans une mini-série, élaborée par Les Jardins de Gally, Gilles Galopin* est interrogé sur le thème des travaux qu'il mène depuis une dizaine d’années sur les relations entre la nature et la santé. Une mini-série en deux épisodes intitulée « La nature, c’est la santé » et réalisée par Pierre Darmet, des Jardins de Gally. Les villes peuvent créer de nouveaux équilibres, en s’appuyant sur les bienfaits du végétal.

Pourquoi rappeler la nécessité de nous connecter à la nature ?

L’Homme a cru pouvoir maitriser la nature et s’en extraire. Les villes ont d’ailleurs été créées, il ne faut pas l’oublier, pour protéger les humains des dangers de la nature, à une période ou les humains n’étaient pas en haut de la chaine alimentaire. Ensuite, on a cru pouvoir tourner le dos à la nature. Nous en mesurons aujourd’hui les conséquences, notamment à travers les travaux sur l’extinction de l’expérience de nature »,

Qu’apporte la nature, en ville, en matière de santé ?

La nature est un facteur de ressources et peut contribuer à la salutogenèse, à notre état complet de bien-être.. La nature rend des services écosystémiques. En matière de santé, en plus des services de régulation, comme les ilots de fraicheur, elle rend des services sociaux. C’est d’ailleurs pour ces derniers que nous avons milité pour le maintien des parcs et jardins ouverts, au printemps 2020. L’isolement est un facteur de risque pour la santé. Les espaces de nature, publics ou privés, favorisent la convivialité et sont essentiels.

Quels sont les bénéfices de la nature sur la santé ?

 Nous effectuons une veille internationale, dans le cadre de nos recherches. Environ un quart des publications ont trait aux effets sur la santé physique. La moitié concerne les effets sur la santé mentale. Il y a aussi des travaux sur la santé psycho-sociale. Et enfin, il y a des travaux mixtes, compte tenu de la dimension systémique de la santé et de la nature. Exemples : l’activité physique, dans un espace de nature en ville, permet de réduire l’IMC. Un effet important, alors que les services de santé alertent de plus en plus sur l’augmentation des populations en surpoids. Mais ces effets bénéfiques sont multiples, une fois encore, par exemple une diminution du rythme cardiaque. On peut aujourd’hui mesurer les effets positifs, comme par exemple la diminution de la consommation d’anxiolytiques. Citons également les effets sur le stress et l’anxiété, la dépression, la restauration de l’attention et le déficit de nature, tels que décrits dans la récente synthèse de l’association Plante & Cité.

Comment explique-t-on ces effets ?

 Il y a la biophilie, qui est un préalable important : l’être humain a un besoin de contact avec le vivant. Il y a d’autres théories. On parle de déterminants de santé, qui peuvent agir à l’échelle de l’individu, de son lieu de vie et aussi d’environnement au sens large .

Quels sont les espaces les plus bénéfiques ?

La composition des espaces va faire que certains vont être plus « ressourçants », plus sécurisants. C’est l’objet de la thèse réalisée par Bastien Vajou, dans une approche pluridisciplinaire, avec un laboratoire en sciences du vivant, un laboratoire de psychologie. Une étude conduite sur le terrain.  Les espaces complexes, avec beaucoup de verticalité, vont amener les gens à analyser l’espace, ce qui est moins restaurateur que les espaces ouverts, où la vue est plus ouverte. Mais cela dépend aussi du vécu de chacun, les personnes anxieuses ayant une approche pouvant être négative d’espaces complexes.

Quels outils pour mesurer l’effet des espaces de nature sur la santé mentale des citadins ?

Avec l’Agence régionale de santé (ARS) des Pays-de-la-Loire, nous avons mené une expérimentation et élaboré une méthodologie, qui permet d’une part d’évaluer la qualité d’espaces de nature existants et, d’autre part, les usages qui y sont développés. Cela est précieux et permet d’agir : par exemple, un banc jamais fréquenté car mal positionné. La pédagogie est aussi un sujet clé. La médiation avec la nature est un sujet en devenir. Des résultats, non encore publiés, indiquent que fréquenter régulièrement un espace de nature a un impact positif sur la santé mentale. Il faut retrouver des espaces de proximité, la pièce à vivre supplémentaire, comme l’on dit souvent .

Gilles Galopin* est enseignant-chercheur en biologie végétale à Agrocampus Ouest, devenu récemment l’Institut Agro. Il conduit ses recherches dans le cadre de l’Institut de Recherche en Horticulture et Semences (IRHS), à Angers. Il collabore avec une grande diversité de laboratoires, dans les sciences du vivant, mais aussi dans les sciences humaines, et pas seulement. Il crée aussi de nombreuses passerelles avec les entreprises et le monde associatif. 
 
Avec Pierre Darmet, des Jardins de Gally
 
 

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