Dans les allées du Salon international de l’Agriculture ( SIA) qui s'est tenu du 26 février au 6 mars, ils étaient nombreux, exposants comme visiteurs, à froncer les sourcils lorsque nous évoquions l’agriculture urbaine. Pour beaucoup, la culture et l’élevage appartiennent au rural et au périurbain. Retour sur ces échanges.
Porte de Versailles, au milieu des vaches et des moutons, rares sont les visiteurs s'attendant à entendre parler d'agriculture urbaine. Pourtant, de nombreux exposants ont su mettre en avant cette branche de l'agriculture, présentant leur production, leurs actions, mais aussi leurs innovations. Les collectivités, elles, ont une carte à jouer dans cette mise en avant du secteur agricole. Le département de Seine-Saint-Denis et la ville de Paris ont ainsi mis sur le devant de la scène leurs producteurs urbains, de l’élevage ovin à la culture maraichère. De son côté, l’Afaup*, invite ses adhérents à présenter leur activité à travers des tables rondes, tandis que les acteurs tech exposaient à l’espace « Agri 4.0 », sur La Ferme digitale.
Malgré tout, lorsque l’on évoque le sujet avec d’autres exposants, nous devons souvent réexpliquer ce qu’est l’agriculture urbaine. Si un premier éleveur en conventionnel a coupé court à la discussion, évoquant un secteur selon lui « sans avenir », nous avons pu longuement échanger avec un viticulteur.
Composer avec les "contraintes"
Installé en Saône-et-Loire, il se présente comme adhérent du syndicat Jeunes Agriculteurs de son canton. Appuyé sur un enclos à moutons, il nous livre son regard sur l’agriculture urbaine, principalement préoccupé par les contraintes de l'activité et leur acceptation par les urbains.
Il évoque notamment le bruit des tracteurs, la terre, et les mouches générées par les exploitations agricoles qui exposent, selon lui, à une perpétuelle remise en question par la population. Cependant, à travers des formes de production adaptées au milieu urbain, il voit dans cette branche une manière de « redorer le blason » de l’agriculture. Sceptique sur la productivité de ce modèle, il y reconnaît néanmoins un aspect pédagogique important pour des populations n’ayant que peu accès au milieu rural.
Agriculture bio et milieu urbain
Une autre inquiétude fait se fait entendre dans les allées du salon : peut-on parler de produits « Bio » lorsqu’ils sont cultivés dans des aires urbaines où la pollution atmosphérique est importante ? Si une partie de l’agriculture urbaine, en culture hors sol, n’est pas éligible au label, certains producteurs en conventionnel se disent inquiets d’un « deux poids, deux mesures ».
Nous avons évoqué le sujet avec François Beaupere, exploitant et président de la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire. Confiant sur cette question, il nous affirme qu’aucun élément ne permet pour l’instant de pointer des effets néfastes. Néanmoins, il se dit vigilant sur ce dossier et sur les résultats d’éventuelles recherches à ce sujet.
Ainsi, dans les allées du Salon, on décèle encore une certaine méfiance face à l’agriculture urbaine. Parfois, c’est l’éloignement géographique des différents modèles qui semble brouiller la communication. Mais si le modèle urbain reste assez peu connu en profondeur par de nombreux acteurs, beaucoup y voient une manière de relier le milieu agricole aux habitants des villes. Certains y voyant même un moyen de faire le pont avec l’agriculture conventionnelle. Lors d’un échange sur le stand de l’Afaup, Francois-Etienne Mercier, vice-président de Jeunes Agriculteurs, évoquait alors l’agriculture urbaine comme un « tremplin » vers le modèle traditionnel pour de néo-exploitants.
Si la route est encore longue pour convaincre l’entièreté du secteur, l’idée d’une agriculture en lien avec les urbains fait son chemin.
Articles d'agri-city.info sur le Salon :
Au Salon de l’Agriculture, la Seine-Saint-Denis met en avant ses agriculteurs urbains
Retrouvez des acteurs de l'agriculture urbaine au SIA