Destiné aux porteurs de projets d’agriculture urbaine ainsi qu’aux opérateurs de l’aménagement urbain, Destisol’AU, projet en pré-maturation, vise à caractériser les sols, leurs fonctions et les services écosystémiques qu’ils apportent pour concrètement orienter les formes d’agriculture urbaine et les choix d’espèces cultivables sur un sol donné. Un Outil d’aide à la décision (OAD) sera proposé aux acteurs.
Les villes et leurs périphéries sont le siège d’expérimentations multiples en matière de projets agricoles urbains. Après avoir été majoritairement pensé et conçu par les architectes, les urbanistes et le génie civil, l’aménagement des villes s’ouvre à l’agronomie. Ainsi, en 2020, la ville de Paris mise sur plus de 30 hectares d’espaces dédiés à l’agriculture urbaine (1). Toutefois, la pratique urbaine de l’agriculture peine encore à prendre en considération la dimension toute particulière des sols urbains, dont la vocation première n’était pas d’être utilisés pour la production de biomasse ou d’aliments. Ils peuvent ainsi présenter des déséquilibres de fertilité bio-physico-chimique, voire même être le réceptacle de contaminations d’origine anthropique.
Intégrer les fonctions et services écosystémiques des sols dès l’amont
Par ailleurs, l’agriculture urbaine se caractérise par une large palette de pratiques culturales et de formes (fermes urbaines, toits végétalisés, jardins collectifs…), avec des sols amenés à fournir un certain nombre de fonctions (stockage de carbone, rétention et circulation d’eau, réservoir de biodiversité…) et, plus largement, de services écosystémiques (2) (régulation des aléas naturels, support d’activités sociales et culturelles…) potentiellement très variables d’un projet à l’autre. Or bien souvent, les projets d’agriculture urbaine négligent la composante « sol » ou se cantonnent à une évaluation basique de la fertilité.
Au service des acteurs de l’agriculture et de l'aménagement urbain
Depuis 2014, l’Inra participe au projet Destisol, soutenu par l’ADEME. Ce programme est coordonné par la société SCE en partenariat avec le CEREMA, L'EPAMSA et l'EPF de Bretagne et dédié à la prise en considération des potentialités apportées par les sols dans les projets d’aménagement urbain. Il comporte le développement d’un OAD destiné aux aménageurs. La déclinaison de Destisol aux projets d'agriculture urbaine fait actuellement l’objet d’un soutien au titre des projets de pré-maturation de l’Inra. L’objectif est d’adapter l’outil précédemment développé à des projets d’agriculture urbaine en s’attachant à décrire de façon beaucoup plus fine les sols, notamment quant à leur fertilité et leur éventuelle contamination. L'OAD apportera ainsi aux acteurs de la programmation urbaine, en particulier dans les phases amont, des recommandations en matière d’usages ou de destinations des sols urbains pour des projets agri-urbains.
- de caractériser les sols urbains en capacité d’offrir des services en agriculture urbaine et donc de cibler les sols les plus aptes au développement des projets ;
- d’évaluer la qualité agronomique des sols ;
- d’évaluer les diverses possibilités de cultures en agriculture urbaine ;
- de mettre en lumière les améliorations possibles des sols pour les rendre compatibles avec d’autres services ;
- de comparer les niveaux de services écosystémiques rendus par différents projets ;
- de comparer « un état initial » et un « état final » de sol ;
- de proposer la mise en œuvre de procédés de génie écologique ciblés pour ajuster l’aménagement aux services écosystémiques attendus.
L’OAD Destisol’AU sera équipé d’interfaces utilisateurs implantables sur des outils informatiques de bureau ou sur des dispositifs portables (tablette…). Ces interfaces seront développées par un partenaire spécialisé dans l’aménagement des territoires, la société SCE, en collaboration avec le LSE. Cet OAD s'adressera à un large public : porteurs de projets en agriculture urbaine, services techniques des villes, opérateurs de l’aménagement urbain (aménageurs, urbanistes, architectes, paysagistes, …)
(2) Services écosystémiques : Ce sont « les biens et services que les hommes peuvent tirer des écosystèmes directement ou indirectement, pour assurer leur bien-être ». (Millenium Ecosystem Assessment Program, 2005)